La mort simultanée mais sans trace apparente de violence des soeurs Amanda et Sabrina De Vito, le 31 mars 2009, a dérouté les experts, qui ont fini par orienter leurs recherches sur la chambre hyperbare de la maison familiale. Mais l'appareil, qui servait à traiter l'arthrite juvénile de la cadette, a révélé bien peu de choses aux scientifiques.

Il n'y avait pas de sang à l'intérieur de l'appareil et l'ADN prélevé sur l'extérieur montrait des combinaisons partielles ou non valides.

C'est ce qui se dégage du témoignage que la biologiste judiciaire Jacinthe Prévost, livré mercredi devant le jury chargé de juger Adèle Sorella. La femme de 47 ans est accusée d'avoir tué avec préméditation ses deux filles, pendant que son mari, le mafioso Giuseppe De Vito, était en cavale. Les deux enfants avaient été vus vivants le matin du 31 mars 2009 en compagnie de leur mère, dans le domicile familial de la rue de l'Adjudant. L'après-midi, Amanda, neuf ans, et Sabrina, huit ans, étaient trouvées sans vie, allongées côte à côte dans la salle de jeu. Leur mère était pour sa part introuvable. Elle a été arrêtée une douzaine d'heures plus tard, en pleine nuit, après un accident de la route qui ne lui a pas causé de blessure.

La biologiste Prévost, qui est aussi spécialiste en projections de sang, a fait l'analyse des vêtements qu'Adèle Sorella portait lors de son arrestation. Elle n'y a pas trouvé de sang, même après avoir utilisé le Luminol. Elle avait fait cette recherche car on lui avait dit qu'un liquide sanguinolent s'échappait du nez et de la bouche des cadavres des enfants. Le Luminol a aussi été utilisé à l'intérieur de l'appareil et n'a rien décelé.

Trois cheveux

Mme Prévost a fait différents prélèvements à l'extérieur de la chambre hyperbare, à des endroits susceptibles d'être touchés par l'utilisateur. C'est le cas du compresseur, d'une poignée et d'un anneau qui facilite l'ouverture de la fermeture éclair de l'appareil. Les expertises n'ont pas été concluantes. Une personne qui touche un objet ne laisse pas nécessairement son ADN a fait valoir Mme Prévost. La scientifique a analysé trois cheveux qui avaient été trouvés à l'extérieur de l'appareil. Deux étaient ceux d'Amanda, tandis que le troisième semblait appartenir à Sabrina.

Un oreiller et un drap dans la chambre hyperbare ont été examinés, mais ne présentaient pas de «taches d'intérêt», a noté la biologiste. Il y avait des taches de salive sur la taie, mais vu qu'il n'y avait pas de sang, Mme Prévost ne les a pas analysées. Elle n'a pas non plus fait d'expertises d'ADN à l'intérieur de l'appareil.

En contre-interrogatoire, l'avocat de la défense Pierre Poupart a fait ressortir que la biologiste n'avait pas le profil génétique d'Adèle Sorella lors de ses expertises, pour comparer. «J'en ai parlé avec les enquêteurs et ils ont décidé que ce n'était pas nécessaire d'avoir le profil de Mme Sorella», a-t-elle dit.

Le témoin précédent, la toxicologue judiciaire Nathalie Goudreault, avait indiqué que toutes les analyses qu'elle avait réalisées n'avaient rien révélé. Les enfants n'avaient pas été droguées, ni empoisonnées, et Adèle Sorella n'avait ingurgité ni médicaments, ni drogue, ni alcool.

Le procès reprendra lundi. Il est  à noter que la chambre hyperbare en question est maintenant installée dans la salle d'audience, pour le bénéfice du jury.