Fâché que son enquête préliminaire pour l'attentat mortel du Metropolis soit frappée d'une ordonnance de non-publication, Richard Henry Bain a boudé une bonne partie de l'après-midi, hier, dans le box des accusés.

«Vous pouvez appeler tous les témoins que vous voulez, je n'ai rien à dire», a lâché avec humeur l'homme de 62 ans, avant de ramasser ses papiers et de les ranger dans ses sacs. Le juge Pierre Labelle venait de refuser de suspendre l'enquête préliminaire jusqu'à vendredi prochain, jour où il doit annoncer s'il maintient ou lève l'ordonnance de non-publication «temporaire» qu'il a émise jeudi.

M. Bain fait face à 16 accusations. Il est notamment accusé du meurtre du technicien de scène Denis Blanchette, de trois tentatives de meurtre et d'incendie criminel, survenus le 4 septembre dernier au Metropolis. Il se défend lui-même, car il n'a pas les moyens de se payer un avocat, assure-t-il.

Il ne veut pas d'ordonnance de non-publication. «Cela fait en sorte que les journalistes boycottent [son] enquête», a-t-il fait valoir, hier, en regardant la salle pratiquement vide.

M. Bain s'est ensuite calé dans le box et a fait mine de ne plus suivre ce qui se passait. Il ne regardait personne, pas même les témoins ni les photos, gardait la tête baissée, et semblait écrire.

Témoignage émotif

Pendant ce temps, la procureure de la Couronne Éliane Perreault faisait défiler ses témoins. Stéphane Champagne, un policier de la Sûreté du Québec que M. Bain est accusé d'avoir voulu tuer, le soir du 4 septembre 2012, a été appelé à la barre. Le policier était affecté à la sécurité des personnalités présentes au Metropolis ce fameux soir des élections, alors que le Parti québécois y célébrait sa victoire.

À un certain moment de son témoignage, hier, M. Champagne est devenu très ému, et sa voix s'est brisée. Il s'est repris et a poursuivi. Son témoignage, comme tous les autres, ne peut être divulgué pour le moment.

Au retour d'une pause, en après-midi, M. Bain est revenu de meilleure humeur. Il a posé une question à un témoin, un policier du SPVM. Le juge Labelle a levé la séance vers 16h, car il n'y avait plus de témoins disponibles.

L'enquête préliminaire de M. Bain doit reprendre le 21 mai. La Couronne compte appeler 33 témoins.

L'accusé a fait savoir, hier, que de son côté, il comptait appeler une quarantaine de témoins.