Vêtues de leur uniforme scolaire, Sabrina, 8 ans, et Amanda, 9 ans, reposaient côte à côte par terre dans la salle de jeu de leur luxueux domicile de Laval quand elles ont été découvertes, le 31 mars 2009. La cause de leur décès n'a pas été déterminée. Mais la mort inattendue et simultanée de ces deux fillettes en santé n'est pas normale.

C'est ce qui se dégage du discours d'ouverture que la Couronne a adressé ce matin au jury, alors que débutait le procès d'Adèle Sorella. La femme de 47 ans est accusée des meurtres prémédités de ses deux filles.

Dans son exposé, ce matin, Me Maria Albanese, procureure de la Couronne, a signalé que Mme Sorella vivait des moments difficiles quand les faits sont survenus. Elle avait tenté à quelques reprises de se suicider. Elle était séparée de Giuseppe de Vito, le père des deux fillettes, lequel était en fuite depuis 2006: accusé dans le cadre de l'opération Colisée, qui visait la mafia, il était recherché par la police. Il a finalement été arrêté en septembre 2010 et purge actuellement une peine de prison. Il viendra témoigner au procès de son ex-femme, a annoncé Me Albanese.

En mars 2009, la mère d'Adèle Sorella vivait chez sa fille, pour l'aider. Le matin du drame, la grand-mère a fait le déjeuner, a préparé les fillettes pour l'école et est partie. Les fillettes ne se sont jamais rendues à l'école. Dans la journée, Adèle Sorella a laissé à son frère un message qui l'a inquiété. Il s'est rendu au domicile de sa soeur, rue de l'Adjudant, et a découvert les deux fillettes sans vie, vers 16 h. Leur mère a été interpellée plusieurs heures plus tard, vers 3 h du matin, après avoir eu un accident de la route.

Me Albanese a indiqué au jury qu'une chambre hyperbare se trouvait dans la maison de Mme Sorella au moment des faits. L'appareil, qui servait à traiter l'arthrite de la petite Sabrina, a été saisi et analysé. On saura plus tard au cours du procès si l'appareil a quelque chose à voir avec la mort des enfants.

La Couronne compte appeler de nombreux témoins à la barre dans ce procès qui devrait durer plusieurs semaines. Outre les témoins civils et policiers, il y aura des experts.

Le jury est composé de cinq hommes et sept femmes. L'exercice est présidé par la juge Carol Cohen. Me Albanese occupe pour la Couronne avec Me Louis Bouthillier, tandis que l'accusée est défendue par Pierre et Guy Poupart, qui ont représenté Guy Turcotte. Au terme de son procès, ce dernier, un cardiologue, a été déclaré non responsable criminellement du meurtre de ses deux enfants.

Triste ironie, les deux drames sont survenus en 2009, à un mois d'intervalle.