N'acceptant pas la rupture, Edens Kenol aurait harcelé son ex-conjointe pendant des semaines, avant de la poignarder à mort la nuit du 17 octobre 2010. C'est ce que la Couronne compte démontrer au cours du procès de M. Kenol, qui s'est ouvert mercredi après-midi à Montréal.

L'accusé, qui aura 37 ans jeudi, est accusé du meurtre au premier degré de Maria Altagracia Dorval. La femme de 28 ans a été tuée de plusieurs coups de couteau dans le logement de Montréal-Nord où elle résidait. Lors de son discours d'ouverture, mercredi, le procureur de la Couronne Jacques Dagenais a résumé les faits. Le couple était marié et avait trois enfants, mais la relation n'allait pas bien, a-t-il dit. Le 15 août 2010, M. Kenol s'est emparé d'un couteau et a menacé de tuer sa femme et ses enfants. Mme Dorval a appelé le 9-1-1, mais l'appel n'a pas abouti, et Mme Dorval aurait dit finalement que ce n'était pas grave.

Dans les jours suivants, Mme Dorval est allée vivre ailleurs. M. Kenol se serait mis à la harceler, à l'épier et à la suivre. Il pouvait aussi l'appeler 50 fois par jour.

Mme Dorval avait le béguin pour un autre homme. Ce dernier lui a rendu visite un soir en octobre. Quand l'homme, un chauffeur de taxi, est sorti au milieu de la nuit, M. Kenol l'a pourchassé en voiture. L'homme a dû griller des feux rouges pour lui échapper.

Le matin, l'ami chez qui M. Kenol demeurait, a entendu ce dernier pleurer et rager. «Maria me trompe. En plus c'est quelqu'un que je connais. Je vais la tuer et me suicider», aurait confié M. Kenol.

Le dimanche 16 octobre, Mme Dorval est allée dans une fête. Elle est revenue en début de nuit chez elle, à Montréal-Nord. C'est en rentrant dans son appartement que Mme Dorval a été tuée de plusieurs coups de couteau.

Dans les heures suivantes, Edens Kenol est allé dans une famille de Pointe-aux-Trembles, qui fréquentait la même église que lui. Il a dit qu'il se cachait de la police, qu'il avait tué Maria, mais a fait valoir que c'est elle qui avait d'abord pris le couteau. Néanmoins, un membre de la famille a appelé la police et M. Kenol a été arrêté en début d'après-midi. Les policiers ont trouvé deux enregistrements qu'il avait réalisés. Il s'agissait de son testament. Il y expliquait pourquoi il avait tué sa femme, comment distribuer les polices d'assurance entre ses enfants, et laissait entendre qu'il allait se tuer.

Après ce résumé, Me Dagenais a appelé son premier témoin à la barre. Il s'agit de Jean-Baptiste Belneau, un ami de la famille Dorval. Le procès, qui se déroule devant jury, et qui est présidé par le juge Michael Stober, se poursuit jeudi. L'accusé est défendu par Me Anne-Marie Lanctôt et Me Patrick Davis.