Jean-Paul Lapierre ne pensait pas à mal quand il a téléchargé 109 000 images de pornographie infantile, qu'il a entretenu des conversations sexuelles avec une mineure sur le web, et qu'il a fait des attouchements sur une petite fille de son entourage.

Même si l'homme de 55 ans a plaidé coupable à des accusations de possession et distribution de pornographie infantile, attouchements, et leurre d'enfant pour tout cela, il a des explications pour tout. C'est ce qui ressort du témoignage que M. Lapierre a livré, mercredi, devant le juge Robert Marchi, dans le cadre des représentations sur la peine qui doit lui échoir.

D'abord, s'il avait su qu'il était illégal d'avoir des conversations sexuelles avec une ado de 13 ans sur le web, il ne l'aurait pas fait. Pour lui, il s'agissait d'histoires inventées, sans plus. Ses propres enfants étant «très demandants», c'était sa façon à lui de s'évader, a-t-il expliqué.

Pour les attouchements sur une fillette, il assure que ses gestes ont été mal interprétés. Dans le cadre de jeux, il la traînait par terre, elle perdait ses culottes, et il les lui remontait. Un geste anodin qui est arrivé peut-être «30 fois», a-t-il dit.

Poubelle

Pour la pornographie infantile, son explication est la suivante : facteur de son métier, Jean-Paul Lapierre a un passe-temps, soit ramasser des ordinateurs dans les poubelles et les rafistoler. Il prétend que la porno trouvée chez lui venait d'un disque dur qu'il a ramassé dans une ruelle en février 2009. Il y avait de la pornographie adulte et juvénile. Il a entrepris de classer les fichiers, dans le but ultime d'effacer la pornographie juvénile et garder la porno adulte. Mais il n'en a pas eu le temps, la police a débarqué chez lui en novembre 2009.

Mais voilà, selon la police, ce classement de fichiers était méticuleux. «Ce qui nous avait marqués, outre la quantité, c'était l'arborescence. C'est un travail ardu de créer des fichiers pour classer 109 000 photos», a expliqué l'enquêteur Stéphane Campeau, du module Exploitation sexuelle des enfants, lorsqu'il a témoigné, mercredi. Certains fichiers portaient des noms comme : «jeunes», «nus», «NN» pour non nus, «hard core», «une fille», «deux filles»...

M. Lapierre a aussi envoyé des images de pornographie infantile sur quatre sites.

L'homme n'a aucun antécédent judiciaire, bien qu'il ait déjà été surpris la braguette ouverte, assis dans sa voiture, devant l'école Saint-Jean-Eudes. Mercredi, il a expliqué qu'à l'époque, il allait toujours dîner à cet endroit, à l'ombre, et qu'il urinait dans un pot dans sa voiture, en raison de problèmes de prostate. L'accusation portée contre lui avait été retirée finalement. Quoi qu'il en soit, M. Lapierre a entrepris une thérapie en janvier dernier.

La procureure de la Couronne Louise Blais demande une peine de cinq ans de pénitencier, tandis que Me Daniel Tardif, en défense, propose une peine de 15 mois de prison, et quatre mois à purger en société. Le juge rendra sa décision le 16 mai. M. Lapierre est chauffeur et livre des colis pour Postes Canada. Il est en congé de maladie depuis 15 mois.