Les cinq policiers de la Grenade accusés d'avoir battu à mort un touriste canadien, il y a plus d'un an, ont pu reprendre leurs fonctions après que les accusations d'homicide involontaire qui pesaient contre eux eurent été rejetées, ont indiqué samedi des avocats impliqués dans la cause.

Un juge a décidé vendredi de mettre fin à l'enquête préliminaire sur la mort d'Oscar Bartholomew, un Torontois de 39 ans, disant qu'une enquête du coroner devait avoir lieu avant que la cause criminelle n'aille de l'avant.

Le juge a également ordonné que les cinq agents reprennent leurs fonctions et qu'on leur remette le salaire qu'ils avaient perdu pendant qu'ils étaient suspendus, a précisé Anselm Clouden, l'avocat de l'un des policiers.

Les agents touchaient la moitié de leur salaire pendant leur suspension.

Les policiers pourraient toutefois faire face à de nouvelles accusations criminelles, potentiellement plus sévères, si les preuves présentées à l'enquête du coroner le justifient, a ajouté Me Clouden.

Des enquêtes du coroner à la Grenade peuvent déterminer s'il y a eu homicide ou homicide involontaire, après quoi des accusations criminelles peuvent être portées.

«Il n'y a pas d'accusations qui pèsent contre eux pour l'instant, parce que l'information a été rejetée, mais à la conclusion de l'enquête, il est probable que des accusations soient déposées», a déclaré l'avocat en entrevue téléphonique depuis St-Georges.

«Le coroner peut recommander que la preuve soit telle que l'accusation dépasse celle d'homicide involontaire» et qu'il y a lieu de porter des accusations de meurtre, a-t-il soutenu.

Les policiers sont accusés d'avoir battu M. Bartholomew jusqu'à ce qu'il sombre dans un coma fatal, alors qu'il était détenu dans une cellule dans le village de St-David. Le drame est survenu au lendemain de Noël, en 2011.

M. Bartholomew rendait visite à sa famille dans son pays d'origine avec sa femme, Dolette Cyr, de Cascapédia-St-Jules, en Gaspésie.

Selon la famille du défunt, ses déboires avec la police auraient commencé après qu'il eut fait une étreinte vigoureuse à une policière en civil qu'il aurait confondue avec une amie. Celle-ci aurait crié «au viol».

La loi de la Grenade stipule qu'une enquête du coroner doit être menée chaque fois que quelqu'un meurt dans un établissement public, comme une prison. Mais selon Christopher Nelson, le directeur des poursuites de Grenade, il s'agirait de la première fois qu'elle prime sur des procédures en cours.

En entrevue téléphonique samedi, il a raconté que, selon lui, l'enquête du coroner ne devait pas avoir préséance sur la décision des procureurs de porter des accusations lorsqu'ils croient possible de le faire. Il a ajouté que les deux procédures pouvaient «au moins» avoir lieu en parallèle.

M. Nelson a dit ne pas savoir s'il interjettera appel puisque son bureau n'avait pas encore étudié la décision du juge.

Me Clouden a affirmé que les responsables de la mort du Canadien seraient traduits en justice.