Un piéton de 66 ans a connu une mort atroce, dimanche après-midi, alors qu'il a été happé par une voiture qui roulait à très haute vitesse au coeur d'un quartier résidentiel de Pointe-Calumet. Le conducteur du véhicule, un homme de 23 ans, tentait de semer les policiers qui voulaient l'intercepter à sa sortie du Beach Club. Lui et ses deux passagers ont été arrêtés. Huit enquêteurs du Bureau des enquêtes indépendantes (BEI) ont été dépêchés sur place en soirée.

«L'auto allait tellement vite. Elle roulait quasiment juste sur deux roues quand elle est rentrée dans le poteau. Tout de suite, j'ai couru pour aller voir s'il y avait des survivants.»

Dimanche soir, Annie* était encore sur l'adrénaline. Elle racontait presque sans prendre de pause la scène horrible dans laquelle elle s'était retrouvée plus tôt dans la journée.

«Le conducteur a sauté de l'auto et est parti en courant. Il venait de frapper le piéton. Il était couvert de sang», a-t-elle dit. 

«J'ai laissé la police courir après et moi, je me suis préoccupée des vivants. Je suis allée vers la voiture», a raconté Annie à La Presse.

La résidante de Pointe-Calumet revenait du dépanneur par la voie cyclable de la rue André-Soucy, rue qui traverse le quartier résidentiel d'un bout à l'autre. Il n'y avait pas un nuage dans le ciel. À quelques centaines de mètres de là, le Beach Club était plein à craquer.

Vers 15h30, Mme Beaudin a vu une voiture arriver à vive allure, s'écraser contre un poteau d'Hydro-Québec et terminer sa course folle contre un arbre vis-à-vis de la 53e Avenue. La voiture venait de faucher un homme de 66 ans, deux avenues plus haut. L'impact a été d'une telle brutalité que le corps du piéton aurait été sectionné en deux.

«Le véhicule aurait heurté un homme de 66 ans, le tuant sur le coup», a simplement indiqué le BEI, chargé de l'enquête puisque le corps de police local est impliqué dans l'événement mortel.

Mais Annie n'a aucun doute sur ce qu'elle a vu. Et malgré l'horreur de la scène, elle n'a pas hésité à venir en aide aux deux passagers qui étaient toujours à bord du véhicule accidenté.

«Il y avait une fille assise en avant et un gars en arrière. [...] Avec deux autres dames et des policiers qui sont arrivés, on s'est occupés d'eux, le temps que l'ambulance arrive. Avec ce qui venait de se passer, ils étaient en panique, le gars était même un peu agressif», raconte le témoin.

Poursuite policière

Les événements ont pris naissance au populaire Beach Club de Pointe-Calumet. Selon les premiers éléments d'enquête, un policier de la Régie de police du Lac des Deux-Montagnes qui assurait le service d'ordre pour un événement au Beach Club aurait remarqué le véhicule effectuer «des manoeuvres particulières» et aurait décidé de le suivre.

«Le véhicule avec trois personnes à bord aurait immédiatement quitté les lieux à une très grande vitesse. Le policier aurait perdu rapidement le contact visuel avec le véhicule, [et] deux autres policiers auraient reçu des informations de citoyens sur la direction prise par le véhicule circulant à haute vitesse», a rapporté le BEI, en soirée.

Quand les policiers ont localisé le véhicule, il était écrasé contre un arbre. Les policiers ont arrêté le conducteur qui tentait de prendre la fuite à pied.

«Le conducteur de 23 ans et ses deux passagers ont été arrêtés et conduits dans un centre hospitalier pour des blessures mineures», a confirmé le BEI, alors que huit enquêteurs ont été dépêchés sur place pour faire la lumière sur cet événement impliquant un autre corps policier.

Une rue dangereuse

Après l'accident, les citoyens étaient nombreux à discuter autour du large périmètre de sécurité. Ils déploraient que la rue André-Soucy soit trop souvent utilisée comme un raccourci pour accéder au parc aquatique et au Beach Club de Pointe-Calumet.

«Avec le Beach Club juste à côté, ça passe comme une autoroute ici. Mais, il y a toujours plein de monde sur la piste cyclable, des vélos, des enfants», s'inquiétait Jean Marineau, qui habite la résidence à côté de celle où le piéton a été fauché.

Sa voisine Julie Ladouceur acquiesçait : «Ça roule tellement vite. Ça fait des années qu'on dit qu'ils devraient mettre des speed bumps [dos-d'âne] sur la rue.»

En soirée, l'identité de l'homme qui a perdu la vie n'avait pas été révélée.

* Le prénom du témoin a été changé à sa demande.