«Ses ailes étaient arrachées. Il est tombé de 1000 pieds, comme une roche. C'est un miracle qu'il soit vivant.» Le directeur des opérations de Cargair n'en revient tout simplement pas. Non seulement l'un des deux pilotes impliqués dans l'accident aérien de vendredi, à Saint-Bruno-de-Montarville, a survécu, mais il s'en tire avec «une jambe cassée et quelques ecchymoses».

« Le blessé est encore à l'hôpital. Il a subi une opération à la jambe qui s'est bien passée. Il est réveillé et si les choses se déroulent comme prévu, il pourrait sortir cette semaine », a avancé Daniel Adams, directeur des opérations chez Cargair, l'école d'aviation de laquelle étaient issus les deux pilotes impliqués dans l'accident aérien.

Samedi, le Bureau de sécurité des transports (BST), qui est chargé de l'enquête, aurait confirmé à Cargair que les appareils, chacun piloté par un étudiant chinois, étaient entrés en collision dans les airs. Selon l'enregistrement des échanges avec le contrôleur aérien, M. Adams estime que les appareils étaient au minimum à 1000 pieds d'altitude, soit un peu plus de deux fois la hauteur de la tour du Stade olympique. Il assure que l'accident en soi est d'une rareté et qu'y survivre relève du miracle.

«Des accidents en vol, je n'ai jamais vu ça. Ils se sont défaits en vol. Tu n'as aucun contrôle, tu tombes comme une roche... À 1000 pieds, dans un avion de cette grosseur-là, les chances de survivre à l'impact sont pratiquement nulles. C'est un cas miraculeux qu'on a eu là», commente M. Adams.

Plusieurs hypothèses avancées

Quatre enquêteurs du BST ont été dépêchés sur les lieux de l'accident, vendredi et les carcasses des avions ont été transportés au laboratoire d'Ottawa.

«Une fois les pièces au laboratoire, on fait une reconstitution, on replace les pièces pour voir l'angle de l'impact, a expliqué Julie Leroux, porte-parole du BST.  Et en même temps, dans le processus d'enquête, il y a beaucoup d'entrevues à venir, notamment avec le survivant et les contrôleurs aériens».  

Un problème de communication avec la tour de contrôle pourrait expliquer en partie les circonstances de l'accident, croit M. Adams. Le trafic aérien était dense, vendredi, et il explique qu'il est possible qu'il y ait eu de l'interférence sur les ondes.

«Deux pilotes qui essaient de parler en même temps, ça m'arrive toutes les semaines, c'est fréquent, explique le pilote d'expérience. On n'a pas beaucoup de temps pour parler au contrôleur, c'est chacun son tour. On a quelques secondes seulement et il va traiter les appels par priorité, par risques de danger, etc. Dans le cas présent, comment ça a pu arriver ? Je suis incapable de vous le dire.»

Il ne croit toutefois pas qu'il s'agisse d'un problème de compréhension en raison de la langue maternelle des étudiants chinois, puisque le programme sélectionne les étudiants selon des critères exigeants, notamment concernant leurs habiletés de communications en anglais.  Par ailleurs, les responsables du programme ignorent si l'étudiant retournera chez lui et mettra un terme à sa formation. Ils seraient étonnés du contraire.

«Je ne pense pas qu'il va revoler de sitôt, croit M. Adams. Il s'est vu mourir, littéralement. On vous coupe les ailes et on vous laisse tomber dans une coquille en chute libre à 1000 pieds du sol. C'est juste un miracle qu'il soit vivant.»