C'était le jour des drones jeudi dernier au Centre de détention Rivière-des-Prairies à Montréal. Alors que deux de ces engins volants auraient été observés au-dessus des cours de la prison, les gardiens ont découvert dans un secteur abritant des membres de gangs de rue une quantité relativement importante de stupéfiants et d'inquiétants outils vraisemblablement arrivés par drone, a appris La Presse.

Drogue, cellulaires et lames de scie...

Après avoir reçu une information ou eu des doutes, les agents correctionnels ont effectué une fouille en soirée dans les 16 cellules d'un secteur où sont détenus majoritairement des individus d'allégeance bleue. Selon des sources, ils ont trouvé plus de 50 grammes de haschisch, une autre substance s'apparentant à de l'héroïne, six téléphones cellulaires, des lames de scie et un petit appareil électrique multifonctionnel. Quelques heures plus tôt, deux drones auraient été aperçus au-dessus de deux cours de l'établissement, dont un autre secteur où les prévenus sont classés « général ». On ignore toutefois si des objets ont été saisis à la suite de l'observation de ces drones.

Grillages réclamés

Le président du Syndicat des agents en services correctionnels du Québec, Mathieu Lavoie, n'a pas voulu confirmer les informations recueillies par La Presse. Mais il implore le gouvernement d'agir pour mettre fin aux livraisons, de plus en plus nombreuses, par drones dans les 18 prisons du Québec.

L'oeuvre du crime organisé

« On se rend compte que les projets-pilotes ou les mesures mis en place après les évasions de Québec et de Saint-Jérôme n'ont pas fait cesser ces intrusions », lance M. Lavoie. « Le gouvernement doit investir dans des grillages au-dessus des cours pour empêcher les drones de livrer leurs colis. La plupart des intrusions par drones qui se traduisent par des livraisons de stupéfiants sont le fruit du crime organisé. Des lames de scie, c'est certain que cela compromet la sécurité de nos membres », a dénoncé le chef syndical.

Explosion des apparitions

Selon des chiffres obtenus du ministère de la Sécurité publique grâce à la Loi sur l'accès aux documents publics, les observations de drones au-dessus des terrains des prisons québécoises ont explosé depuis 2014. On en a dénombré 27 l'an dernier. Cette année, on en était à 11 au 16 juillet, un chiffre qui est déjà plus important qu'à la même période l'an dernier. Les statistiques de cette année ne comprennent pas les deux observations de jeudi dernier au-dessus du Centre de détention Rivière-des-Prairies.

Drones signalés à la sécurité dans les prisons du Québec 

• 2013-2014 : 4

• 2014-2015 : 18

• 2015-2016 : 27

• 2016-2017 : 11 (au 16 juillet dernier)

Les plus livrés

Les objets apportés par drones les plus souvent saisis sont les stupéfiants, le tabac et le papier à rouler, en raison notamment du trafic institutionnel causé par la valeur très élevée de ces produits à l'intérieur des murs, où ils sont interdits. Les appareils cellulaires, qui peuvent permettre à un détenu de poursuivre ses activités criminelles depuis sa cellule, sont aussi très régulièrement saisis. Notons que depuis 2014, des objets inusités ont été découverts, notamment des pots d'épice, des timbres pour arrêter de fumer et une caméra GoPro.

Saisies d'objets arrivés par drones 2013-2016

• Papier à cigarettes : 9

• Tabac : 8

• Stupéfiants : 6

• Briquets : 5

• Chargeurs de cellulaires : 5

• Cellulaires : 4

• Pic artisanal : 2

• Pots d'épices : 2

• Lame de scie à fer : 1

• Sphère de métal : 1

• Plaquette identificatrice : 1

• Bois : 1

• Draps : 1

• Caméra GoPro : 1

• Carte SIM : 1

• Écouteurs : 1

• Vis : 1

• Lampe : 1

• Ziploc : 1

• Timbres Nicoderm : 1

• Câble USB : 1

• Inconnu : 1

*Le chiffre représente le nombre d'événements au cours desquels l'objet a été saisi et non pas le nombre d'objets de cette nature qui ont été saisis

*Ces statistiques ne comprennent pas les objets de la saisie de jeudi dernier au Centre de détention Rivière-des-Prairies.

- Avec William Leclerc