La section de la rivière des Prairies où a perdu la vie Jean Langevin, vendredi, durant l'événement caritatif Circuit bleu, est trop difficile pour les débutants, selon un kayakiste ayant 29 ans d'expérience sur l'eau. Et pourtant, La Voix de l'Est a rapporté que M. Langevin, qui était directeur général de la Ville de Bromont, avait déclaré en entrevue peu avant la course qu'il n'était « pas très expérimenté en kayak ».

« Il y a toujours un risque sur l'eau », dit Ryan Cavell, propriétaire de la boutique de sports nautiques Camp de Base de Pointe-Claire, qui connaît bien les rapides du Cheval-Blanc, où M. Langevin s'est noyé. « J'ai pêché et j'ai fait du kayak là, j'ai 29 ans d'expérience sur l'eau. À mon avis, ce n'est pas un endroit pour les débutants. »

Les rapides du Cheval-Blanc font partie d'une liste de 11 « dangers spécifiques à la rivière des Prairies », estimaient en 2011 les Règlements de sécurité du Club d'aviron de Laval. C'était la troisième année où avait lieu le Circuit bleu, et le parcours passait toujours par ces rapides, situés près de Pierrefonds.

Frédéric Ménagé, président du Club canoé-kayak en eaux vives de Montréal, ne connaît pas les rapides du Cheval-Blanc, mais estime qu'un événement caritatif de ce genre devrait s'assurer que tous les participants ont au préalable suivi une formation de base en eaux calmes.

Même si M. Langevin était peu habitué au kayak, il était très sportif, selon Catherine Page, de la Ville de Bromont. « Il faisait du trekking, avait fait Compostelle, beaucoup de marche, dit Mme Page. Il s'était aussi entraîné tout l'été en kayak. » Il avait 59 ans.

FORMATION

Les événements caritatifs devraient-ils éviter les activités nautiques ? « Non, je ne vois pas pourquoi, dit M. Cavell, de la boutique Camp de Base. Est-ce qu'un cardiaque de 60 ans va aller faire la Spartan Race ? Non, c'est une question de bon sens.

« Pour faire du kayak en toute sécurité, il faut suivre une formation. Mais les responsables de l'événement caritatif doivent avertir les participants des risques de ce qu'ils vont faire, pour qu'ils puissent évaluer si c'est approprié pour eux. »

Justement, le Circuit bleu proposait à la cinquantaine de kayakistes des formations et une sortie préalable pour se familiariser avec le parcours, dit Marie-Laurence Paré, directrice, événements et communications, à la Fondation Centre de cancérologie Charles-Bruneau, qui organise l'événement. 

« Le matin, on avait refait le parcours pour vérifier qu'il n'y avait pas de danger. » - Marie-Laurence Paré, directrice, événements et communications, à la Fondation Centre de cancérologie Charles-Bruneau

La sécurité durant le Circuit bleu était assurée par six guides formés, un guide-chef, deux équipes sur motomarines de l'entreprise Service intervention et formation aquatique (SIFA) et un bateau avec quatre pompiers du Service de sécurité-incendie de Montréal, selon Mme Paré.

« Le plus important pour nous, c'est de s'occuper de notre monde », dit Mme Paré. De l'aide psychologique a été proposée aux participants, et les deux autres journées du Circuit bleu, samedi et hier, ont été annulées. M. Langevin est mort à l'hôpital du Sacré-Coeur. Un coroner a été chargé du dossier.

« COMPLÈTEMENT SIDÉRÉS »

TVA a rapporté de son côté qu'une dizaine d'autres kayakistes avaient déjà franchi les rapides quand M. Langevin s'est retrouvé coincé sous une bouée. Sa coéquipière dans le kayak double, une employée de la Ville de Bromont qu'accompagnait M. Langevin, a été sauvée par les motomarines de la SIFA, mais M. Langevin est resté trop longtemps sous l'eau.

« On est complètement sidérés. Pour nous, ce qui vient de se passer, c'est un choc, parce que c'est un bel événement. » - Pierre Bruneau, porte-parole de la Fondation Centre de cancérologie Charles-Bruneau et chef d'antenne au réseau TVA

« Aujourd'hui, on avait tous nos enfants que l'on parraine dans notre coeur, y compris ce kayakiste, très, très heureux de participer à cet événement par une journée tout à fait magnifique », a dit le chef d'antenne au réseau et porte-parole de la Fondation Centre de cancérologie Charles-Bruneau.

« Malheureusement, c'est un triste accident qu'on ne peut pas contrôler, et je tiens déjà à remercier les services d'encadrement, à qui on ne peut absolument rien reprocher, comme aux équipes d'intervention qui étaient là pour porter secours à cette personne. »

Photo La Voix de l’Est

Jean Langevin, 59 ans, occupait les fonctions de directeur général de la Ville de Bromont.