Le carambolage qui a mené au brasier funeste sur l'autoroute 40, mardi, pourrait avoir été causé par un système de freinage automatique défectueux servant à la prévention des accidents. Ce système aurait immobilisé un camion de la société Bombardier Aéronautique en plein milieu des voies rapides et forcé les véhicules derrière à freiner brusquement, selon des informations transmises à la Sûreté du Québec.

Les policiers experts en collisions explorent en ce moment cette piste dans leur enquête sur le drame, a appris La Presse, mais seule une expertise technique approfondie permettra de confirmer ou d'invalider l'hypothèse.

Le camion-citerne blanc à l'origine du carambolage contenait du kérosène, utilisé comme carburant en aéronautique. On peut le voir sur certaines images prises de la scène mardi. Il a été saisi par la police le soir même de l'accident.

En raison de l'extrême inflammabilité du kérosène, les camions-citernes de ce type sont équipés d'un système de sécurité qui doit prévenir les déversements en stoppant le véhicule dès qu'une fuite est détectée dans la citerne. Or, certains témoignages recueillis jusqu'à maintenant laissent entendre que le système s'est déclenché subitement par erreur.

Vérifications à venir

La Sûreté du Québec avait déjà expliqué mercredi qu'un premier camion-citerne immobilisé dans la voie du centre avait forcé un camion cube à freiner brusquement, que ce camion cube avait été percuté par un camion plateforme chargé de poches de ciment et que ce camion plateforme avait été ensuite percuté par le camion-citerne qui a pris feu.

Questionné hier sur le dispositif automatique du premier camion, le lieutenant Jason Allard a seulement dit que « tous les éléments du véhicule vont être vérifiés, mécaniques ou autres ».

Selon nos informations, le comportement de l'employé de Bombardier n'est pas remis en cause pour le moment. Mais les policiers tentent de déterminer si d'autres personnes auraient pu savoir que le système de freinage automatique avait un problème.

Le syndicat des employés de Bombardier Aéronautique s'est refusé à tout commentaire sur l'état du parc de véhicules routiers, hier, par respect pour l'enquête en cours. « Nos travailleurs, ce sont des gars de transport professionnels qui ont toutes les compétences en la matière », a tout de même souligné le vice-président Christian Bertrand.

M. Bertrand a souligné que ses collègues et lui avaient tous eu une pensée pour le camionneur Gilbert Prince, mort dans l'incendie. « Un père de famille, en plus... En tant que travailleurs, on est tous touchés par ça », dit-il.

Réaction de Bombardier Aéronautique

Bombardier Aéronautique n'a pas voulu dire hier si le camion impliqué avait déjà éprouvé des ennuis avec son dispositif de freinage d'urgence.

« Nous savons que l'un de nos camions de soutien opérationnel a été impliqué dans l'accident sur l'autoroute 40. La sécurité est une priorité pour Bombardier et nous nous conformons aux lois et règlements qui s'y rattachent. Nous prenons donc cette question très au sérieux et nous coopérons pleinement avec les autorités. Nos pensées sont avec tous ceux qui ont été touchés par cet accident tragique », a simplement déclaré Christina Peikert, directrice des affaires publiques pour les avions d'affaires au sein de l'entreprise.

Lorsque La Presse lui a demandé quel était le modèle du camion impliqué, elle n'a pu donner plus de détails. « Nous ne pouvons pas commenter davantage. Nous laisserons les enquêteurs répondre aux questions des médias », a-t-elle expliqué.