L'itinérant montréalais septuagénaire agressé par un adolescent dans deux vidéos publiées sur Facebook cette semaine est dégoûté de voir le comportement de certains jeunes envers les gens comme lui.

« C'est toute la faute des parents, ça », pestait celui qui se présente sous le prénom de Raymond, en entrevue avec La Presse, peu après la comparution au tribunal de la jeunesse de celui que l'on soupçonne d'être son agresseur.

L'adolescent, qui ne peut être identifié publiquement en vertu de la loi parce qu'il est mineur, fait face à deux chefs de voies de fait et un chef de harcèlement criminel. La police l'a retracé après la publication sur Facebook de deux vidéos où il semblait prendre plaisir à gifler un itinérant puis à lui jeter un verre d'eau au visage par surprise.

Il n'a pas prononcé un mot lors de sa comparution, se contentant de se frotter les mains nerveusement. Aucun membre de sa famille n'était présent. Son avocate a plaidé non coupable. La poursuite s'est opposée à sa libération dans l'attente de son procès. Son enquête sur mise en liberté aura lieu mardi. D'ici là, il demeure détenu.

Le jeune a été accusé d'extorsion et de vol qualifié dans un tout autre dossier qui faisait l'objet d'une enquête depuis un moment et qui n'a rien à voir avec l'agression de l'itinérant.

« DE TOUT POUR FAIRE UN MONDE »

Raymond, qui aura 74 ans sous peu, ne doute pas que le jeune accusé sera reconnu coupable. « La preuve est toute là ! », lance-t-il, en faisant référence aux vidéos.

Ancien mécanicien, il dit s'être retrouvé à la rue il y a huit ou neuf ans à cause « des machines à sous pis de la boisson ». Il est désespéré de voir à quel point plusieurs personnes sont prêtes à s'en prendre aux plus vulnérables.

« Dans les parcs, je me fais voler des fois. Tsé, quand un gars est fatigué... Même toi, si tu es fatigué et que tu t'endors dans un parc, tu vas voir, tu vas te faire voler », explique-t-il en entrevue.

Il reste visiblement amer de cette expérience et n'a plus envie de revenir sur l'incident avec l'adolescent. « Ça prend de tout pour faire un monde. Il y en a qui ont du respect, d'autres, non. »