Quarante-six ans après le crime, un peintre de rue du Vieux-Montréal pourrait-il faire débloquer l'enquête sur le meurtre de Reet Jurvetson, cette Montréalaise tuée de 150 coups de couteau en 1969 à Los Angeles ?

Les enquêteurs de l'escouade des crimes non résolus de la police de Los Angeles ont expliqué à La Presse hier qu'ils tentent de retrouver un certain Paul Robert, qui vendait autrefois ses peintures dans les rues du Vieux-Montréal et qui serait probablement âgé entre 60 et 80 ans. Ils sont même venus au Québec récemment pour mener leurs recherches.

« Nous avons trouvé quelqu'un qui le connaissait et qui l'a vu pour la dernière fois il y a 10 ans. Rien de plus depuis », explique la détective Veronica Conrado, jointe à son bureau en Californie.

UN CORPS ENFIN IDENTIFIÉ

Le mois dernier, la police de Los Angeles annonçait avoir enfin découvert l'identité d'une dépouille non identifiée qui était connue simplement sous le code « Jane Doe 59 » depuis sa découverte dans les bosquets bordant la célèbre Mulholland Drive, à l'automne 1969.

Des internautes qui cherchaient sur un site de personnes disparues ont vu dans son portrait des ressemblances frappantes avec Reet Jurvetson, une Montréalaise qui était partie vivre en Californie à l'âge de 19 ans et n'avait plus jamais donné signe de vie à ses proches. Un test d'ADN mené avec la collaboration de membres survivants de sa famille au Québec a révélé qu'il s'agissait bien d'elle.

La découverte de cette identité a permis aux policiers d'explorer diverses pistes. Les enquêteurs sont même allés interroger le gourou Charles Manson en prison, car à l'époque du meurtre, ses disciples avaient été impliqués dans plusieurs assassinats particulièrement sordides dans la région. La rencontre n'a rien donné.

La piste la plus solide pour l'instant demeure celle d'un dénommé Jean, ou John, un homme que Reet Jurvetson avait rencontré à Montréal et qu'elle aurait ensuite rejoint en Californie. Les policiers croient que cet homme pourrait les éclairer sur ce qui est arrivé à la victime lorsqu'elle a cessé de donner des nouvelles à ses proches.

Or, les enquêteurs ont appris au cours de leurs recherches que ce mystérieux Jean ou John était une connaissance du peintre Paul Robert, qui était lui-même l'amoureux d'une amie de Reet Jurvetson à Montréal.

CINQ JOURS À MONTRÉAL

Avec son partenaire Luis Rivera, Mme Conrado est venue à Montréal pour cinq jours en mars dernier, afin d'interroger des gens qui ont côtoyé la victime dans les années 60. Un de ces témoins de l'époque leur a parlé de Paul Robert. Un sergent-détective du SPVM les a ensuite aidés à fouiller dans les registres des peintres de rue qui détiennent un permis pour vendre leurs oeuvres.

« Paul Robert n'était pas là, mais on nous a dit qu'il y a plusieurs peintres qui ne s'enregistrent pas pour ne pas avoir à payer les frais », raconte la détective.

« Peut-être qu'il fréquente encore le Vieux-Montréal, peut-être pas », ajoute-t-elle.

Les policiers de Los Angeles ont bien reçu quelques informations du public depuis que le sort de Reet Jurvetson a été rendu public, mais ils attendent encore l'indice qui permettra de retrouver les hommes qui ont croisé le chemin de la défunte.

Toute personne qui connaît le peintre Paul Robert peut joindre les détectives Luis Rivera et Veronica Conrado à l'unité des crimes non résolus du LAPD au 213 486-6818.