Le commandant de la Marine royale canadienne sur la côte Atlantique a confirmé vendredi que la police militaire enquêtait sur une allégation d'agression sexuelle, lors de laquelle un homme en aurait agressé un autre, à bord du navire NCSM Athabaskan.

Selon le contre-amiral John Newton, l'événement se serait produit le 10 novembre, alors que le destroyer était accosté à Rota, en Espagne, durant un exercice de l'Organisation du traité de l'Atlantique nord (OTAN). Ce navire transporte habituellement quelque 250 militaires.

Les deux matelots impliqués sont des membres juniors de l'équipage, a ajouté M. Newton.

«Dans ce cas, on nous a rapporté un événement homosexuel d'un plaignant du même sexe que son agresseur», a-t-il dit en entrevue.

Le sexe des gens impliqués «n'a pas la moindre importance pour nous», a-t-il ajouté.

Aucune des allégations n'a été prouvée devant un tribunal.

La capitaine Joanna Labonté avait affirmé, plus tôt vendredi, que le Service national des enquêtes des Forces canadiennes (SNEF) avait été avisé de l'événement le 10 novembre.

Le NCSM Athabaskan est retourné à Halifax vendredi dernier après avoir participé à un exercice interarmées multinational au large des côtes européennes dans le cadre de l'opération Trident Juncture.

Aucune accusation n'a été déposée et les autorités militaires n'ont pas indiqué si quelqu'un avait été relevé de ses fonctions durant l'investigation.

L'armée avait lancé l'enquête l'an dernier après que des médias eurent rapporté qu'il existait une grande différence entre le nombre de plaintes officielles pour inconduite ou agression sexuelles et ce qui se passait réellement dans les rangs des Forces canadiennes.

En mai, le gouvernement fédéral avait accepté les 10 recommandations proposées par un rapport percutant d'une juge retraitée de la Cour suprême du Canada relativement à l'inconduite sexuelle au sein des Forces armées canadiennes.

Marie Deschamps avait notamment suggéré que le traitement des plaintes à ce sujet soit confié à un organisme indépendant plutôt qu'à la hiérarchie militaire.

John Newton avait contribué au rapport de la juge Deschamps.

Selon lui, les preuves rassemblées au cours du processus reflètent un problème systémique troublant.

«On peut voir que le climat sexualisé est réel et comment il peut créer les conditions qui mènent un agresseur à manquer de respect à quelqu'un au point d'en venir à la violence», a-t-il expliqué.

«Là où il y a des enjeux systémiques, les dirigeants ont parfois du mal à voir comment un type de comportement influence quelque chose comme l'inconduite sexuelle ou l'agression sexuelle.»

Le rapport de Mme Deschamps a mené l'armée à donner des formations à ses membres sur le sexisme.

«Nous luttons très fort pour nous assurer que notre personnel soit conscient que personne du leadership ou parmi les subordonnés peuvent s'en tirer avec un comportement répugnant comme ça, a déclaré M. Newton. Nous ne pouvons pas éradiquer ce comportement, mais nous pouvons certainement mettre un sérieux frein aux conditions qui lui permettent d'exister.»