Alexandre Gendron, le conjoint de Cheryl Bau-Tremblay, cette femme enceinte de 5 mois trouvée morte jeudi dans sa résidence de Beloeil, a été formellement accusé de meurtre au premier degré, vendredi.

Gendron a comparu vendredi au palais de justice de Saint-Hyacinthe. Il doit revenir en cour le 15 septembre, alors qu'aura lieu le dépôt complet de la preuve.

L'enquête poursuit son cours et elle est volumineuse, selon la procureure du Directeur des poursuites criminelles et pénales, Nancy Potvin. Elle a ajouté que plusieurs témoins avaient été rencontrés.

Alexandre Gendron demeure derrière les barreaux.

Jeudi, il a été interrogé pendant plusieurs heures par des enquêteurs de la division des crimes contre la personne de la Sûreté du Québec. 

Le suspect de 35 ans a des antécédents en matière de violence conjugale et un problème d'alcool qui l'a amené à suivre des thérapies, a appris La Presse.

Des policiers de la SQ ont questionné des voisins de la maison située sur la rue Alexander de même que des proches de la défunte qui était âgée de 28 ans. 

Une autopsie permettra de déterminer comment Cheryl Bau-Tremblay est morte et depuis combien de temps son cadavre se trouvait dans la demeure.

Les policiers ont fait la découverte d'un corps jeudi après-midi après avoir obtenu les autorisations judiciaires nécessaires pour fouiller la maison du couple. L'identité de la victime a été confirmée par la Sûreté du Québec tard en soirée, mais les circonstances du drame restaient nébuleuses.

Alexandre Gendron a eu des démêlés avec la justice au cours des dernières années. Il a été accusé à quelques reprises en 2010 et 2011, à la suite d'événements impliquant une ancienne conjointe toxicomane qu'il a connue en thérapie et avec laquelle il a vécu une relation houleuse.

Plus précisément, le jour de Noël 2010, une voisine du couple a appelé la police de Blainville pour dire qu'elle entendait « des cris et du brassage à l'appartement du dessous ». Lorsque les policiers sont arrivés sur les lieux, la victime, qui arborait des ecchymoses à l'oeil gauche et au menton, a refusé de porter plainte contre Gendron. Elle s'est toutefois ravisée deux jours plus tard, et Gendron a été arrêté pour voies de fait dans un motel de Saint-Mathieu-de-Beloeil. Il aurait alors dit aux policiers « qu'au cours des 15 derniers jours, il [avait consommé] une caisse de 24 par jour », selon un agent de liaison de la police de Blainville qui a témoigné lors de son enquête sur remise en liberté, le 30 décembre 2010.

« Tu es morte »

Lors d'un événement survenu durant l'été précédent, Gendron s'en serait encore pris à sa conjointe et à la mère de cette dernière. « Il a dit à sa conjointe: "Je vais t'étouffer dans ton sommeil. Si je m'en vais, c'est que je vais t'avoir enterrée. Tu es morte." Il l'aurait agrippée à la gorge à deux mains et l'aurait projetée sur le plancher », a raconté le témoin.

Gendron, tireur de joints de profession, a témoigné et admis avoir un problème d'alcool et « qu'il consommait plus que la moyenne des gens ». En revanche, il a expliqué avoir aidé sa conjointe à plusieurs reprises, que cette dernière l'accusait souvent faussement et que les événements de Noël 2010 se sont produits parce qu'elle avait consommé et qu'elle était incontrôlable et paranoïaque.

Notamment parce qu'il n'avait pas d'antécédents, Gendron a été libéré en attendant la suite des procédures, mais les accusations de menaces et de voies de fait ont finalement été abandonnées. Cependant, dans d'autres dossiers de menaces, vol, méfait, facultés affaiblies et non-respect de conditions, il a reçu des peines suspendues assorties d'amendes, de travaux communautaires et d'une obligation de garder la paix.

« Un ange amené sur terre »

« Elle était comme un ange amené sur terre. » Quand Mathieu Robitaille parle de Cheryl Bau-Tremblay, sa voix s'illumine. Ils se sont connus il y a cinq ans. Lui était patient; elle, intervenante dans un centre de désintoxication en Montérégie.

« Cette femme m'a sauvé la vie, raconte-t-il. J'ai passé par une mauvaise épreuve et c'est une des intervenantes qui m'ont le plus marqué. C'était une personne de coeur. » Il se souvient d'elle comme d'une femme de caractère qui « savait gérer et désamorcer des situations de crise ».

« C'était une femme forte... Mais peut-être que face à ça... » Mathieu Robitaille laisse sa phrase en suspens, avant de reprendre: « Je suis encore assommé. C'est cliché, mais c'est toujours les bonnes personnes qui partent avant. »

Cheryl Bau-Tremblay aura marqué sa vie à jamais en l'aidant à retrouver le droit chemin. « Aujourd'hui, si j'ai ce que j'ai - mon entreprise et la garde de ma fille -, c'est en grande partie grâce à elle. Avant, j'étais narcissique et imbu de moi-même. Maintenant, je pense à aider les autres avant tout. »

Une disparition mystérieuse

Cheryl Bau-Tremblay était portée disparue depuis samedi soir dernier. Selon certaines sources, c'est Alexandre Gendron qui avait vu sa conjointe pour la dernière fois lorsque celle-ci était revenue à leur résidence le jour de sa disparition. La femme de 28 ans rentrait d'un séjour de quelques jours chez sa soeur, à Magog, où elle se serait rendue en raison de tensions à la maison, selon ce que des proches auraient confié aux policiers.

D'après nos informations, c'est peu avant 23 h, soit environ 10 heures après le retour de la jeune femme chez elle, qu'un membre de sa famille, autre que Alexandre Gendron, a appelé les policiers pour signaler sa disparition et faire part de ses inquiétudes. La Régie de police Richelieu-Saint-Laurent a alors lancé un avis de disparition et effectué des recherches intensives dans le secteur de la rivière Richelieu.

- Avec Louis-Samuel Perron et Audrey Ruel-Manseau et La Presse Canadienne



PHOTO FOURNIE PAR LA RÉGIE INTERMUNICIPALE DE POLICE RICHELIEU/SAINT-LAURENT

Cheryl Bau-Tremblay