Un prédateur sexuel tué dans la plus pure tradition mafieuse et un locataire vraisemblablement poignardé à mort pour une banale affaire de place de stationnement; les enquêteurs de la section des crimes majeurs du Service de police de la Ville de Montréal examinent deux homicides inusités commis en quelques heures, hier, dans l'est de la métropole.

Si, concernant le deuxième meurtre, un suspect avait déjà été interpellé et interrogé hier, le meurtre de Mario Bourgeois, commis devant sa maison de transition de la 15e Avenue, près de la rue Bélanger, dans le quartier Rosemont-La Petite-Patrie, pourrait s'avérer un véritable casse-tête et, par le fait même, un défi pour les enquêteurs.

Bourgeois, 53 ans, prédateur sexuel multirécidiviste «avec une dynamique de sadisme», selon les commissaires aux libérations conditionnelles, a été victime de ce qui semble être un règlement de comptes typique du crime organisé.

Il s'apprêtait à sortir de sa voiture ou à y entrer lorsqu'il a été littéralement mitraillé dans le haut du corps par un suspect qui a pris la fuite. Alertés par des appels au 911, les policiers ont rapidement découvert l'homme qui gisait sur le trottoir. À proximité, ils ont trouvé ce que l'on croit être l'arme du crime: une arme longue automatique munie d'un silencieux, une signature qui pourrait être celle d'un tueur à gages professionnel, le genre à accepter des contrats qui se chiffrent en milliers de dollars.

Une histoire d'héritage?

Bourgeois était en maison de transition depuis sa libération d'office, il y a un an et demi. Il devait y rester jusqu'à la fin d'une peine de 15 ans pour trois agressions sexuelles commises contre une adolescente de 16 ans et deux femmes, entre janvier et avril 2001, à Saint-Canut et à Laval.

Dans l'un des cas, il avait attaqué sa victime dans la rue, alors que dans les deux autres, il s'était introduit chez elles, allant même jusqu'à vouloir violer l'une des femmes devant son enfant. C'est son ADN qui a trahi Bourgeois.

«Les délits à l'origine de la présente sentence sont extrêmement graves. Il s'agit de récidives commises rapidement à la fin d'un autre mandat d'incarcération. Vos passages à l'acte sont impulsifs et imprévisibles. Vous avez utilisé des armes à quelques reprises. Votre criminalité s'aggrave constamment», ont écrit les commissaires dans une décision rendue en août 2013.

Les enquêteurs devront scruter le passé sombre de la victime. Mais dans la décision des commissaires, on apprend que Bourgois a déjà été violent avec un codétenu. Il est également question d'un héritage de plusieurs milliers de dollars qu'il a reçu, et du fait «qu'il pourrait en recevoir davantage». Autant d'avenues que les enquêteurs pourraient devoir arpenter, y compris d'autres, dont l'erreur sur la personne, dans leur quête pour tenter d'élucider le meurtre.

Il s'agit des troisième et quatrième meurtres commis cette année à Montréal.

Querelle de stationnement

En ce qui concerne le meurtre d'un homme de 34 ans, Pascal Cronier, commis trois heures plus tôt près d'un immeuble de logements de l'avenue Georges-V, situé à Montréal-Est, aucune accusation n'avait encore été portée, au moment d'écrire ces lignes, contre un individu de 26 ans interpellé peu après le crime. En début d'après-midi, des proches de la victime se sont présentés sur les lieux du meurtre pour venir récupérer un chien. 

Selon eux, le jeune homme prenait une bière chez son frère, qui habite en bas de son logement, tout juste avant le drame. C'est en remontant chez lui qu'il aurait été poignardé à mort. Toujours selon les proches, une querelle entourant une place de stationnement derrière l'immeuble de logements serait à l'origine des tristes événements. 

La tension était apparemment très vive, au point où un pneu de la voiture de la conjointe de la victime aurait récemment été crevé dans le stationnement. Un vaste périmètre a été dressé dans plusieurs rues du quartier résidentiel où s'est joué le drame. 

Selon la police, plusieurs pièces à conviction auraient été abandonnées dans le secteur.

PHOTO FÉLIX-OLIVIER JACQUES FOURNIER, COLLABORATION SPÉCIALE

Une arme a été trouvée près du corps de la victime, 15e avenue.