Une jeune femme qui a choisi de passer entre deux wagons immobiles d'un train stationné dans le Vieux-Port de Montréal, et qui a eu les jambes broyées lorsque le convoi s'est mis en branle sans avertissement, poursuit le CN, le port de Montréal et la Société du Vieux-Port de Montréal pour 510 000 $.

Le terrible accident est survenu vers 1h45 dans la nuit du 12 juin 2013. Pritie Patel, une jeune femme de 30 ans, retournait vers sa voiture garée sur la rue de la Commune après être sortie avec des copines aux Terrasses Bonsecours, dans le Vieux-Port.

Mais la sortie Bonsecours était à ce moment bloquée par les wagons d'un convoi du CN. Il était immobile et il ne restait que quatre wagons à traverser la rue pour qu'elle soit libérée. Une centaine de wagons se trouvaient déjà à l'est. La locomotive se trouvait près du pont Jacques-Cartier.

Un surveillant employé par la Société du Vieux-Port était sur place, comme chaque fois qu'un train bloque un des accès.

Dans sa requête en cour supérieure, Pritie Patel dit lui avoir demandé si le train, qui n'émettait ni son de moteur ni lumière, allait quitter bientôt afin qu'elle et ses amies puissent circuler.

«Le gardien de sécurité du Vieux-Port a répondu qu'il n'avait aucune idée quand le train bougerait et leur a suggéré d'attendre qu'il parte pour passer, de le contourner ou de grimper entre deux wagons pour traverser à leur propre risque», lit-on dans la poursuite.

Il pleuvait, et pour gagner du temps, c'est ce que les jeunes femmes ont choisi de faire. Mais quand Pritie Patel a enjambé le bras reliant deux wagons, le train s'est mis en marche sans avertissement.

«Elle a perdu l'équilibre et est tombée sous les wagons en marche et a été très sévèrement blessée alors que les voitures restantes ont roulé sur elle», lit-on encore.

Une séquence filmée par des caméras de surveillance sur le site.

Le gardien de sécurité a alerté les secouristes, qui ont transporté la femme dans un état critique dans un centre hospitalier où elle allait survivre «grâce aux soins extraordinaires reçus à l'urgence», écrit-elle. Elle a survécu certes, mais non sans de terribles séquelles et une hospitalisation de plus de trois mois. Elle a été opérée à 23 reprises depuis.

Elle a eu les deux jambes coupées, dont une au niveau du bassin. Elle en a perdu l'os d'une hanche, ce qui, en plus des douleurs qui persistent et tous les autres désagréments liés à pareille mutilation, rend impossible l'installation d'une prothèse régulière afin qu'elle puisse de nouveau marcher. Il faudra lui en fabriquer une, l'installer au terme d'une nouvelle chirurgie, au coût de 100 000 $, plaide la blessée.

Elle accuse le CN d'avoir opéré un train désuet et non muni de signaux avisant du mouvement imminent des wagons. Elle accuse l'agent de sécurité de la Société du Vieux-Port de ne pas l'avoir vigoureusement empêchée de traverser entre deux wagons.

Pour tout cela, elle et sa mère, qui doit consacrer la majeure partie de son temps à prendre soin de sa fille, réclament 510 000 $ en dommages.