Les policiers se perdent en conjectures sur les raisons qui ont poussé le Hells Angels René «Baloune» Charlebois à s'évader samedi soir. Le motard de 48 ans se trouvait depuis plus d'un an au pénitencier à sécurité minimum Montée Saint-François à Laval.

Nos sources nous indiquent que «son dossier s'en allait dans la bonne direction». Il avait même profité de quelques sorties médicales sans qu'il n'y ait aucun problème. Il devait bénéficier de permissions de sorties au printemps prochain. Mais lors du dénombrement quotidien des détenus à 22 h 45 samedi, les agents des services correctionnels se sont rendu compte que Charlebois, qui partageait sa cellule avec un autre détenu, avait disparu. L'alerte a aussitôt été sonnée. Un avis a été transmis à tous les corps de police et un mandat pancanadien a été émis. Tout le périmètre de la prison, qui est entourée d'une clôture de quelques pieds de hauteur, a été fouillé, sans succès.

On ignore comment le détenu a pris la fuite et si un complice l'attendait dans un véhicule. Les détenus peuvent se promener librement sur le terrain de la prison. Des artères importantes desservies par des circuits d'autobus passent tout près.

Malgré son important passé criminel, la cote de sécurité de Charlebois faisait en sorte qu'il pouvait être détenu dans un pénitencier à sécurité minimum. «De façon générale, tous les délinquants sont évalués et placés dans des établissements adaptés à des niveaux de sécurité. Seuls les délinquants évalués comme représentant un risque faible pour la sécurité du public sont placés dans un établissement à sécurité minimum», explique laconiquement le porte-parole des Services correctionnels du Canada, Serge Abergel.

Les HA tatoués sur le coeur

Autrefois livreur de pizza, René Charlebois a rapidement gravi les échelons chez les Hells Angels où il est devenu un proche de l'ancien chef guerrier de ce groupe de motards, Maurice «Mom» Boucher.

Il a débuté comme membre du défunt club-école des Rockers de Montréal avant de devenir membre des Nomads, le groupe d'élite des Hells Angels. René Charlebois s'était fait connaître du public lorsque les chanteurs Ginette Reno et Jean-Pierre Ferland ont interprété chacun l'un de leurs plus grands succès lors de son mariage célébré avec faste. «Mon coeur, mon sang, ma vie pour les Hells Angels» avait alors déclaré le nouveau marié, soulevant les applaudissements des nombreux invités.

Peu après, Charlebois a été arrêté dans la vaste opération Printemps 2001 et condamné à une longue peine de prison pour complot, trafic de stupéfiants et gangstérisme. Au début de 2004, il a été condamné à la prison à vie pour le meurtre de l'agent source Claude DeSerres, tué dans un chalet de Notre-Dame-de-la-Merci, le trois février 2000. DeSerres portait un appareil de type «body pack» lorsqu'il a été assassiné et toute la scène a été enregistrée.

Charlebois était admissible à une semi-liberté en maison de transition depuis mars dernier, mais il ne l'a visiblement pas demandée. Il sera admissible à une libération conditionnelle totale en mars 2016.

Des sources nous ont confié que des membres des Nomads continueraient de bénéficier des ristournes de la vente de stupéfiants et croient que Charlebois, qui a déjà contrôlé un territoire dans le quartier Hochelaga-Maisonneuve, dans l'est de Montréal, pourrait être l'un de ceux-là. Elles croient également que Charlebois pourrait avoir les moyens d'assurer sa cavale.