Des centaines de personnes ont manifesté dans les rues de Toronto pour réclamer justice à la suite de la mort d'un jeune homme abattu par la police à bord d'un tramway de la métropole canadienne.

La mère et la soeur de Sammy Yatim, âgé de 18 ans, se sont jointes aux manifestants alors que ceux-ci se rassemblaient à un carrefour du centre-ville avant de se diriger vers l'intersection, dans l'ouest de la ville, où M. Yatim est mort tôt samedi matin.

Pouvant à peine parler, la mère ne faisait que répéter le prénom de son fils.

Les manifestants ont occupé toute la largeur de la rue, criant «Honte!» aux policiers surveillant l'événement, et ont effectué un bref arrêt devant un poste de police.

Une manifestante, Annette Shaffer, qui demeure dans le quartier où s'est déroulé l'incident, a mis en doute la façon avec laquelle les policiers apprennent à maîtriser des situations difficiles. «Il y a quelque chose qui ne fonctionne dans la formation qu'a reçue cet agent.»

Plus tôt, lundi, la police de Toronto a annoncé qu'un agent impliqué dans la fusillade avait été suspendu.

Lundi, toujours, le directeur du Service de police de Toronto a soutenu qu'il fera tout en son pouvoir pour tenter de déterminer les raisons menant à la mort par balles de Sammy Yatim.

Bill Blair a dit comprendre que la population se pose des questions sur le comportement de ses policiers, dont l'intervention a été filmée et publiée en ligne, et a affirmé que cette «mort tragique» était prise très au sérieux.

Il a en outre assuré que ses policiers collaboreraient étroitement avec l'Unité des enquêtes spéciales (UES) de l'Ontario, qui sera responsable de l'investigation sur la mort de Sammy Yatim.

M. Blair a aussi dit qu'il mènerait une enquête séparée pour déterminer si les procédures et la formation des policiers avaient été respectées.

«Le rapport complet de mon enquête, avec actions et recommandations, sera soumis à la police de Toronto dans les 30 jours suivant la transmission des résultats de l'UES au procureur général», a-t-il dit.

Un représentant du syndicat des policiers a fait savoir que l'agent impliqué dans l'affaire était «dévasté» et renversé par l'ampleur de ce qui s'est passé.

L'UES - la «police des polices» - a signalé que les policiers «menaient une enquête» sur M. Yatim alors qu'il se trouvait à bord du tramway, lorsqu'une altercation a éclaté entre lui et les agents.

Il y a eu «interaction» entre Sammy Yatim et les forces de l'ordre, qui ont tiré plusieurs coups de feu avant d'avoir recours à un pistolet à impulsions électriques, selon l'UES.

Le jeune homme a été transporté à l'hôpital, où il a succombé à ses blessures.

L'incident, qui s'est produit dans la nuit de samedi, a suscité une vive controverse sur les réseaux sociaux. Certains internautes ont reproché aux policiers de la métropole canadienne d'avoir fait usage d'une force excessive.

De son côté, la première ministre ontarienne Kathleen Wynne a parlé de la mort du jeune Sammy Yatim et des circonstances entourant son décès comme d'une «situation tragique».

«Mes pensées vont à la famille», a-t-elle déclaré, ajoutant qu'elle ne pouvait commenter l'incident, puisque l'enquête était toujours en cours.

L'ombudsman de la province s'est également prononcé sur cette affaire, affirmant que son bureau examinerait l'incident pour déterminer si cela pourrait déclencher une enquête plus vaste.

«Il est important que je regarde le tout sous un angle provincial, et c'est ce que nous envisageons en ce moment», a dit André Marin.

«Le gouvernement de l'Ontario... a la capacité d'établir des normes et des lignes directrices destinées aux services de police sur la résolution de conflit. Nous aurons une discussion demain mardi pour décider si nous lancerons une enquête quant à savoir si les normes sont suffisantes ou non.»

M. Marin a ajouté que son bureau sera également aux aguets pour voir à quel point la police coopérera avec l'UES dans le cadre de l'enquête sur la mort de M. Yatim.

Il a toutefois mis en garde contre un jugement hâtif.

«Attendons que l'UES accomplisse son travail, a dit M. Marin. J'ai certainement plusieurs inquiétudes vis-à-vis de ce que j'ai lu et vu ce qui a été diffusé, mais, dans notre province, l'UES est l'agence pour aller au fond des choses.»

À l'endroit où le jeune homme a été abattu, il est désormais possible d'apercevoir un mémorial de fortune. Un poteau entouré de chandelles a été décoré de roses blanches et de marguerites jaunes.