Que faisait un vendeur de voitures sans histoire du secteur de Pierrefonds avec des armes, des vestes de la police provinciale de l'Ontario, des déguisements et des cocktails Molotov chez lui? C'est assurément la question que se posent les enquêteurs de la police de Montréal à la suite d'une découverte aussi surprenante qu'inquiétante faite au début du mois dans le logement de Ziad Antoine Chamoun, rue Deslauriers.

Selon ce qui a été révélé à l'enquête sur la mise en liberté de l'homme de 44 ans, le 7 février dernier, les enquêteurs de la section gangs de rue de la région Ouest ont d'abord obtenu une information selon laquelle l'homme entreposait et trafiquait des armes.

Après une courte enquête, ils se sont rendus chez Chamoun, accompagnés de leurs collègues du Groupe tactique d'intervention, qui ont cerné son logement pendant que les enquêteurs lui téléphonaient pour lui intimer, à lui et à deux de ses amis, de sortir du logement.

Ce qu'ils ont trouvé à l'intérieur donne des frissons: 10 armes à feu, dont 4 pistolets prohibés chargés, un chargeur, un silencieux, plus de 500 balles, des vestes de la Police provinciale de l'Ontario, des perruques, des cagoules, des masques, des gants et des cocktails Molotov.

Chamoun n'a aucun antécédent judiciaire. Il est donc légitime de penser que le logement a pu servir de cache pour un autre individu ou une organisation. Les enquêteurs ont également trouvé sur les lieux 90 g de cocaïne, des sacs de style Ziploc et des balances. Chamoun a été accusé de possession d'armes prohibées ou à utilisation restreinte, de possession de matières incendiaires et de possession de cocaïne.

Libéré pour des raisons médicales

Le juge a refusé de mettre Chamoun en liberté mais, six jours plus tard, l'homme est retourné en cour. On a alors appris qu'il souffrait d'une maladie grave et qu'il devait être hospitalisé le 13 février pour subir un traitement de trois jours en médecine nucléaire. Après ce traitement, le suspect devait rester à la maison, sans recevoir personne. À la suite des conseils de son avocat, il a plaidé coupable à six des sept chefs portés contre lui. Exceptionnellement, le juge l'a libéré en attendant sa sentence pour qu'il puisse subir son traitement. Il a toutefois dû verser un dépôt de 10 000$, remettre ses passeports canadien et libanais et respecter un couvre-feu.

Chamoun est passible d'une peine minimale de trois ans de prison pour chacun des chefs de possession d'arme. La poursuite et la défense étaient en discussion pour parvenir à une suggestion commune.