En 24 heures, la justice a marqué des points contre les réseaux de trafic de stupéfiants liés aux Hells Angels et établis dans les régions du Saguenay-Lac-Saint-Jean et de l'Estrie.

Hier, la police a arrêté deux membres des Hells Angels soupçonnés de contrôler le trafic de cocaïne et de méthamphétamine au Saguenay, et avant-hier, ce sont deux proches des motards, impliqués dans le commerce de ces mêmes drogues dans les Cantons-de-l'Est, qui avaient plaidé coupable à des accusations liées aux stupéfiants.

Sur le coup de six heures hier matin, les enquêteurs de l'Escouade régionale mixte (ERM) du Saguenay ont brusquement sorti de leur lit et menotté les vétérans Hells Angels Bernard Plourde et Jean-François Bergeron, tous deux âgés de 56 ans, dans leur résidence respective de Laterrière et de Desbiens, au Saguenay et au Lac-Saint-Jean. Les deux hommes n'ont offert aucune résistance.

Les policiers ont perquisitionné dans leur maison et notamment saisi des véhicules, dont la rutilante Harley-Davidson de Plourde, et des vêtements et breloques à l'effigie des Hells Angels.

Ces arrestations s'inscrivent dans la foulée de l'enquête Nocif dont la première phase, en novembre dernier, a mené à l'arrestation de 24 individus soupçonnés de trafic de cocaïne et de méthamphétamine au Saguenay-Lac-Saint-Jean. Plourde, qui avait été arrêté et relâché en cours d'enquête, est soupçonné d'avoir été la tête dirigeante de ce réseau, alors que Bergeron aurait contrôlé un certain territoire. Un ancien associé du groupe et membre d'un club-école des motards, qui est devenu un témoin repenti pour la justice, pourrait avoir contribué aux arrestations de Plourde et de Bergeron.

Les deux Hells Angels ainsi que deux autres individus également appréhendés hier matin, Marc Gagnon, beau-frère de Plourde, et Simon Frenette, ont été accusés de gangstérisme, complot et complot pour trafic de drogue au palais de justice de Québec.

Enregistrés à leur insu

Par ailleurs, mardi, deux individus liés aux Hells Angels ont plaidé coupable à des accusations de trafic de cocaïne, trafic de méthamphétamine et complot au palais de justice de Montréal.

Kenny Maheu, 28 ans, et Denis Desputeaux, 24 ans, ont été arrêtés dans la foulée de l'opération Objection par laquelle l'Escouade nationale de répression du crime organisé (ENRCO), chapeautée par la Sûreté du Québec, a démantelé en avril dernier des cellules de trafic de stupéfiants liées aux Hells Angels et exerçant leurs activités dans les régions de Lanaudière, du Saguenay et des Cantons-de-l'Est.

Selon un résumé des faits déposé devant le juge Daniel Bédard de la Cour du Québec, Kenny Maheu a pris part à une rencontre dans un restaurant le 2 octobre 2017, à laquelle participaient d'autres individus, dont Desputeaux et un agent civil d'infiltration (ACI) qui travaillait pour la police et portait un enregistreur portatif.

Lors de cette rencontre, il a été établi que Maheu devenait le gestionnaire du territoire de vente de drogue à Cowansville.

Durant l'enquête, les policiers ont été en mesure d'établir qu'entre le 2 octobre 2017 et le 9 février 2018, l'équipe de Kenny Maheu, à laquelle appartenait Denis Desputeaux, avait acquis plus de 1700 grammes de cocaïne et 5000 comprimés de méthamphétamine. Durant la même période, une somme de plus de 73 000 $ a également été remise à l'ACI pour l'acquisition de stupéfiants.

Le 10 novembre 2017, lors d'une rencontre enregistrée par l'ACI, Desputeaux a dit avoir trois vendeurs à sa charge, qu'il vendait de cinq à huit onces de cocaïne par semaine et qu'il versait une taxe de 300 $ à Kenny Maheu. Maheu a expliqué qu'il versait à son tour une taxe de 800 $ pour les comprimés de méthamphétamine vendus à Cowansville.

Le 16 janvier 2018, à la suite d'une rencontre sur le contrôle de la vente de drogue à Cowansville, Maheu et Desputeaux ont rencontré un membre des Hells Angels dans un motel. Maheu a dit à ce motard qu'un de leurs employés les volait.

Une semaine plus tard, une autre rencontre a eu lieu au cours de laquelle il a été établi que Desputeaux cacherait les stupéfiants et Maheu, l'argent. À noter que ce dernier n'a jamais personnellement effectué de transactions de stupéfiants durant l'enquête, mais celles-ci se sont faites sous son contrôle, indique le résumé des faits.

Kenny Maheu a de lourds antécédents criminels en matière de stupéfiants, dont une sentence de 27 mois rendue en 2015. La poursuite et la défense s'entendent déjà sur une sentence à venir de 33 mois, mais cette dernière devrait être confirmée le 30 août.

Desputeaux a des antécédents de voies de fait, recel, fabrication de faux et non-respect d'engagement, mais aucun en matière de drogue. Il devrait être condamné à une peine de 28 mois le 30 août.

Jusqu'à maintenant, 4 des 60 individus accusés dans le cadre du projet Objection ont plaidé coupable. 

Pour joindre Daniel Renaud, composez le 514 285-7000, poste 4918, écrivez à drenaud@lapresse.ca ou écrivez à l'adresse postale de La Presse.

Photo tirée du site internet de la SQ

Kenny Maheu

Photo tirée du site internet de la SQ

Denis Desputeaux