Des accusations ont été déposées contre le suspect de l'attaque qui a blessé cinq personnes, dont un policier, samedi soir, à Edmonton.

Abdulahi Hasan Sharif fait face à cinq accusations de tentative de meurtre, ainsi qu'à cinq chefs de conduite dangereuse et un autre relatif à la possession d'armes.

Les autorités policières s'attendent à ce que des accusations relatives au terrorisme soient ajoutées, mais aucune n'a été portée pour l'instant.

«Les complexités d'une enquête pour terrorisme sont vastes», a déclaré Stacey Talbot, de la Gendarmerie royale du Canada (GRC). «Nous continuons d'investiguer et de recueillir de l'information.»

Abdulahi Hasan Sharif, âgé de 30 ans, est un réfugié d'origine somalienne. Le suspect figurait sur le radar des autorités depuis 2015, après qu'une plainte eut été déposée selon laquelle l'individu se serait radicalisé. Or, les enquêteurs avaient déterminé qu'il n'était pas dangereux.

Son enquête sur le cautionnement est prévue en cour provinciale mardi matin.

Dimanche, les autorités avaient soulevé la possibilité de porter des accusations liées au terrorisme contre Abdulahi Hasan Sharif, notamment après avoir trouvé un drapeau du groupe armé État islamique (EI) dans sa voiture.

Le chef de la police d'Edmonton, Rod Knecht, a dit que les événements de samedi soir semblaient avoir été l'oeuvre d'une seule personne.

L'attaque s'est amorcée vers 20h15 à l'extérieur du stade du Commonwealth, lorsqu'une voiture blanche a foncé sur Mike Chernyk, un policier qui encadrait les mouvements de la foule du match de football. Un individu en est sorti et a attaqué au couteau le même policier qui gisait au sol. Ce dernier s'est défendu et le suspect a pris la fuite à pied.

Quelques heures plus tard, un camion cube «U-Haul» a été intercepté par les policiers qui ont demandé au conducteur de s'identifier. Les agents ont alors remarqué des ressemblances avec le propriétaire de la voiture.

Confronté à ces informations, le conducteur a redémarré et accéléré en direction du centre-ville d'Edmonton, déclenchant une poursuite policière. Le conducteur du camion aurait intentionnellement happé quatre piétons pour ensuite faire des tonneaux et se renverser. Les policiers ont alors sorti le suspect du camion par le pare-brise qui avait été fracassé. Il a été menotté et arrêté.

Le travail de la police questionné

Des journalistes ont questionné l'inspecteur Carlos Cardoso, de la police d'Edmonton, pour savoir pourquoi la police n'avait pas diffusé le nom et les informations concernant le suspect après la première attaque, compte tenu du fait qu'elle avait les caractéristiques d'un attentat terroriste et qu'elle s'était passée tout près d'une foule.

«Il y aura certainement une révision afin de voir ce qui peut être fait différemment, mais je crois que ce que nous avons en place en ce moment fonctionne bien», a répondu M. Cardoso.

Deux des quatre piétons happés sont toujours à l'hôpital, dont un ayant subi une fracture crânienne.

À Ottawa, le ministre de la Sécurité publique, Ralph Goodale, a indiqué qu'Abdulahi Hasan Sharif était entré légalement au Canada en 2012 par un poste frontalier et qu'il avait obtenu le statut de réfugié.

Selon le ministre, rien ne permettait de croire à un problème à cette période.

Le fait qu'Abdulahi Hasan Sharif soit entré au pays en tant que réfugié a soulevé des inquiétudes quant au processus de vérification des demandes d'asile. De son côté, Ralph Goodale affirme que les procédures actuelles protègent le public et que les documents internationaux sont vérifiés avant d'octroyer le statut de réfugié.

Photo archives La Presse Canadienne

Abdulahi Hasan Sharif