Des dizaines de fournisseurs qui expédient du fentanyl vers le Canada depuis la Chine font l'objet d'une vingtaine d'enquêtes de la part de la Gendarmerie royale du Canada (GRC).

«La plupart ont été interceptés ici, au Canada», a déclaré un responsable de la lutte au crime organisé au sein de la GRC, le sergent Yves Goupil.

Plusieurs arrestations ont été effectuées et des accusations seront déposées.

De juin 2016 à septembre de cette année, l'Agence des services frontaliers a effectué 156 saisies liées au fentanyl à l'échelle du pays, dont 83 ont été faites dans la région de l'océan Pacifique.

Le sergent Goupil a expliqué que l'enquête avait permis d'identifier plusieurs fournisseurs chinois qui alimentent le marché noir en fentanyl. «Ce n'est pas juste le Canada; les États-Unis et tous les autres pays font pression sur la Chine», a-t-il expliqué.

Il a ajouté que la GRC avait rencontré des dirigeants chinois à deux reprises depuis novembre 2016.

Lors d'une visite en avril, a dit le sergent Goupil, la police fédérale canadienne a fourni aux Chinois de multiples informations concernant les saisies effectuées au Canada. Une centaine de colis avaient à ce moment été saisis par la GRC et l'Agence des services frontaliers du Canada.

La Chine interpellée

Les autorités chinoises ne peuvent plus ignorer leur rôle dans l'épidémie d'opioïdes, a-t-il plaidé.

«Nous avons suggéré un plan à la Chine pour véritablement cesser et freiner l'envoi de colis de fentanyl. Nous voulons nous assurer que la Chine nous aide dès que nous identifions les vendeurs», a précisé le sergent Goupil.

La GRC a identifié environ 70 vendeurs provenant de la Chine. Au moins deux autres vendeurs à l'intérieur du pays ont des liens avec la Chine.

«Par exemple, vous pourriez avoir un individu qui achète une certaine quantité de la Chine, qui le traite et le vend ici», a indiqué le sergent.

Le sergent Goupil a expliqué que la GRC, l'ACSF et Postes Canada ont uni leurs forces pour identifier le plus efficacement possible les colis qui arrivent de Chine à trois grands centres de tri du courrier - Montréal, Vancouver et Mississauga. Ces trois centres reçoivent la plus grande partie du courrier destinée au reste du pays.

Un drogue mortelle

Le fentanyl est si puissant que seulement deux milligrammes (soit l'équivalent de quatre grains de sel) peuvent tuer un individu s'ils sont jumelés à des drogues comme l'héroïne et la cocaïne. La drogue peut donc être expédiée dans de petits colis difficiles à repérer.

«Nous savons que pour chaque petit paquet qui arrive au Canada, des gens peuvent mourir. Le temps presse», a-t-il indiqué.

La responsable de la santé publique au Canada, le docteur Theresa Tam, a dit la semaine dernière que les opioïdes ont tué au moins 2816 personnes au pays en 2016. Le nombre de décès associés au fentanyl a plus que doublé pendant le premier trimestre de 2017, comparativement à l'an dernier, a-t-elle ajouté.