Les saisies importantes de fentanyl, drogue 40 fois plus puissante que l'héroïne, se multiplient dans la région de Montréal, signe que cet opioïde, qui fait des ravages dans l'Ouest canadien, est désormais bien présent au Québec.

La Presse a appris que les près de 7000 pilules saisies lors d'une opération policière contre le crime organisé vietnamien, le 21 juin dernier, que la police croyait être des méthamphétamines, étaient en réalité des comprimés de fentanyl. La police en est arrivée à cette conclusion après avoir fait analyser les comprimés en question. La quasi-totalité a été retrouvée dans la résidence de la tête présumée du réseau démantelé, rue des Alismas, à Laval.

«Pour être plus précis, ce sont 6765 comprimés de fentanyl qui ont été saisis. Ce ne serait pas nécessairement la plus grosse saisie de fentanyl du SPVM, mais sûrement l'une des cinq plus importantes. Nous sommes en train de vérifier ça», affirme le commandant David Bertrand, patron des enquêteurs du module Crimes de violence de la division Ouest du Service de police de la Ville de Montréal, qui ont mené l'opération du 21 juin, baptisée Once, avec leurs collègues de la Division des produits de la criminalité.

Le commandant Bertrand n'a pas voulu interpréter cette nouvelle saisie majeure de fentanyl comme une preuve que cette drogue est maintenant bien implantée dans la métropole. 

Sauf que les dénonciations déposées au palais de justice de Montréal font de plus en plus état d'individus arrêtés en possession de cette drogue, pour la revente et que les opérations d'envergure récentes de la police montréalaise démontrent la présence de fentanyl.

Le 24 février dernier, en effet, les enquêteurs de la Division du crime organisé du SPVM ont saisi environ 7000 comprimés de fentanyl lors du démantèlement de trois laboratoires, dont l'un plus important à L'Assomption, au nord-est de Montréal.

Pas plus tard qu'à la mi-juin, les enquêteurs de la division Sud ont démantelé un autre réseau lié aux Hells Angels et saisi du fentanyl. La police se demande même si ce réseau n'aurait pas vendu le fentanyl qui serait à l'origine de deux surdoses, dont une mortelle, survenues dans la métropole ces derniers mois.

Un fléau dans l'Ouest canadien

Le fentanyl est un fléau dans l'Ouest canadien, où les morts se comptent par dizaines. Il entraîne une détresse respiratoire qui peut entraîner la mort. En février, Radio-Canada a rapporté que 914 personnes étaient mortes après avoir consommé cette drogue l'an dernier en Colombie-Britannique. Les autorités craignent que de tels ravages ne se produisent au Québec et le SPVM en a fait l'une de ses priorités.

Le 23 avril dernier, une femme de 46 ans est morte dans son logement de la rue Hogan, dans l'est de Montréal, et le SPVM, qui n'exclut pas qu'elle ait été victime d'une surdose de fentanyl, a ouvert une enquête.

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