Création d'une nouvelle section au Nouveau-Brunswick, règlements de comptes pour passer un message envers ceux qui les auraient floués, décision récente de la Cour d'appel qui provoque la libération de trois autres motards : les Hells Angels québécois continuent sur leur lancée. La Presse fait le point sur la restructuration de la plus importante organisation criminelle de la province. 

OBJECTIF NOUVEAU-BRUNSWICK

Les Hells Angels québécois auraient l'intention de créer une nouvelle section dans la région de Moncton, au Nouveau-Brunswick, ont confié des sources à La Presse.

Selon nos informations, des membres des Hells Angels du Québec et de leur club supporteur des Red Devils ont été vus ces dernières semaines dans cette ville, et la police croit que l'objectif ultime de ces visites répétées en Acadie est la création d'une nouvelle section. La police avance même que celle-ci serait parrainée par Emery Martin, actuel membre de la section de Montréal, mais originaire du Nouveau-Brunswick.

La nouvelle section serait créée de toutes pièces, et non pas à partir d'un club-école déjà existant. Elle n'aurait pas encore de local. Les corps de police du Québec et du Nouveau-Brunswick en sont au stade de l'échange d'informations. Il n'y aurait jamais eu de section des Hells Angels au Nouveau-Brunswick.

Il y en a déjà eu une en Nouvelle-Écosse, et les Hells Angels songeraient aussi à la réactiver. Toutefois, ce projet serait orchestré par les Hells Angels de l'Ontario.

Les Hells Angels du Québec n'ont toujours pas réactivé leurs sections de Sherbrooke et de Québec, malgré la libération récente de plusieurs membres, notamment à la suite d'une décision de la Cour d'appel, le 31 août, mais la police répète que les réouvertures seraient imminentes. On dénombre actuellement 74 membres des Hells Angels en liberté au Québec, selon des chiffres de la Sûreté du Québec.

L'HEURE DES RÈGLEMENTS DE COMPTES

Chaque jour de plus en plus forts, les Hells Angels règlent leurs comptes avec ceux qui n'auraient pas payé leur dû durant leur incarcération à la suite de l'opération SharQc. Selon des sources policières, il s'agit là de la principale hypothèse retenue pour expliquer le meurtre de Sylvain Éthier, commis la semaine dernière à Sainte-Thérèse. 

Nos sources considèrent que le meurtre d'Éthier est dans la même lignée que ceux de Martin Garand et de Yannick Larose, âgés tous deux de 43 ans et tués respectivement en juin et en mars derniers. Elles constatent beaucoup de similitudes dans les trois dossiers : les victimes étaient toutes des relations des Hells Angels, elles exerçaient leurs activités dans des territoires contrôlés par de puissants motards, elles ont fait beaucoup d'argent, elles devaient payer une taxe aux Hells Angels, elles ont été arrêtées et leurs activités ont été divulguées devant les tribunaux.

« Ce que la police a comme info, c'est que les victimes ne payaient pas et auraient floué les Hells Angels. Le mot se passe, ceux-ci sont en train de faire le ménage et de régler leurs comptes », nous a confié une source au fait du dossier.

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TROIS AUTRES HELLS LIBÉRÉS D'OFFICE


Trois autres Hells Angels viennent d'obtenir leur libération d'office - aux deux tiers de leur peine - dans la foulée de la décision de la Cour d'appel rendue le 31 août et diminuant sensiblement les peines de 35 motards condamnés après l'opération SharQc. 

Guy Auclair, 61 ans

• Avait plaidé coupable à un chef de complot pour meurtre.

• Sa peine a été réduite de six ans.

• Membre fondateur des Hells Angels de Sherbrooke en décembre 1984.

• A été impliqué dans la tuerie de Lennoxville en 1985.

• Durant la guerre des motards, il a géré une cache d'argent et a enterré sa fortune personnelle sur son terrain.

Stéphane Maheu, 45 ans

• Avait plaidé coupable à un chef de complot pour meurtre.

• Sa peine a été réduite de six ans.

• Ancien Los Barracos de la République dominicaine, il a contribué à la création d'une section des Hells Angels à Cabarete.

• Devenu Hells Angels South en 2008.

• Les commissaires aux libérations conditionnelles lui reprochent d'avoir commandité une agression contre un codétenu et d'avoir consommé de l'alcool frelaté durant son incarcération.

Stéphane Ménard, 40 ans

• Avait plaidé coupable à un chef de complot pour meurtre.

• Sa peine a été réduite de six ans.

• Ancien membre de la clique de Sherbrooke, il est devenu membre des Hells Angels de Sherbrooke en mars 2002.

• Durant la guerre des motards, il a été en possession d'une arme et a été impliqué dans des cellules de trafic de stupéfiants dans les régions de Sherbrooke, Valleyfield et Windsor, en Ontario.

• Il dit avoir quitté les Hells Angels en 2013.

Pour joindre Daniel Renaud en toute confidentialité, composez le 514 285-7000, poste 4918, ou écrivez à l'adresse postale de La Presse.