Après quelques semaines relativement calmes, un incendie criminel survenu samedi dans un café du quartier Rivière-des-Prairies pourrait signifier le début d'un regain de tensions au sein de la mafia montréalaise.

Selon nos informations et nos sources, le café Liana, situé au 7310, boulevard Maurice-Duplessis, dont la vitrine a été endommagée par un cocktail Molotov vers 5 h 30 samedi matin, aurait été contrôlé - jusqu'à récemment du moins - par Marco Pizzi, soupçonné d'être un importateur de cocaïne et actuellement accusé dans le cadre de l'importante enquête Clemenza, menée par la Gendarmerie royale du Canada en 2010 et 2011. Pizzi a été arrêté en mai dernier dans le cadre de cette enquête et relâché quelques semaines plus tard, en attendant la suite des procédures.

Le 1er août dernier, l'homme de 46 ans a été victime d'une tentative de meurtre lorsqu'au moins deux individus ont embouti son véhicule avec leur fourgonnette sur l'avenue de la Grande-Allée, dans Montréal-Est.

Lorsque Marco Pizzi est sorti de sa voiture, il aurait constaté que les occupants de l'autre véhicule tenaient des armes et il a pris ses jambes à son cou. Les suspects, dont on pourrait aussi se demander s'ils voulaient enlever Pizzi, auraient couru vers un véhicule de fuite avant de s'évaporer dans la nature. L'un d'entre eux, lié aux gangs de rue, a toutefois été arrêté quelques jours plus tard par le SPVM.

UN CAFÉ CONNU

Durant des enquêtes policières importantes ces dernières années, des filatures de certains individus liés à la mafia ou au crime organisé ont parfois mené les limiers au café Liana.

Selon nos informations, l'établissement aurait déjà été contrôlé par Tonino Callocchia, soupçonné d'être un prêteur et importateur de cocaïne associé à Pizzi, assassiné dans un bar du quartier Rivière-des-Prairies, le bistrot XO, le 30 novembre 2014.

La police n'exclut pas que Callocchia ait été victime d'un traquenard. Selon nos informations, lui et Pizzi devaient prendre part à une rencontre qui aurait d'abord été convoquée au bar Liana, puis au bistrot XO.

Par un concours de circonstances, Pizzi n'a pas été victime des événements, mais certaines sources n'excluent pas qu'il puisse aussi avoir été pris pour cible par le commanditaire de l'attentat.

Le café Liana s'appelait auparavant le café Boca. En décembre 2010, les enquêteurs de la Division du crime organisé de la police de Montréal avaient perquisitionné le café Boca dans le cadre d'une enquête baptisée Alkali visant à mettre fin à une vague d'incendies criminels perpétrés contre des cafés italiens de l'est de Montréal au plus fort de la tentative de putsch menée contre les Rizzuto, affaiblis par l'enquête Colisée.

Au printemps dernier, à la suite d'une entente avec les propriétaires, la Régie des alcools, des courses et des jeux du Québec a suspendu les permis du café Boca durant 23 jours, après avoir constaté divers manquements à la loi. Notamment, la régie n'avait pas été avisée du changement de nom de l'établissement pour le Liana.

En juin 2014, un inspecteur de l'organisme avait entre autres constaté que le comptoir de service était non fonctionnel, que le réfrigérateur était verrouillé et non fonctionnel et qu'il n'y avait pas de caisse enregistreuse.

Pour joindre Daniel Renaud en toute confidentialité, composez le 514 285-7000, poste 4918, ou écrivez à l'adresse postale de La Presse.

Photo Hugo-Sébastien Aubert, Archives La Presse

Marco Pizzi est soupçonné d'être un importateur de cocaïne et est actuellement accusé dans le cadre de l'importante enquête Clemenza, menée par la Gendarmerie royale du Canada en 2010 et 2011.