Un résidant de Brossard que la police considère comme un importateur de cocaïne a été littéralement piégé et trahi durant un an et demi par son principal employé devenu agent d'infiltration pour la Drug Enforcement Administration (DEA) américaine.

On en sait maintenant un peu plus sur le rôle joué par cet employé, dont on ne peut révéler l'identité en vertu d'un interdit de publication, depuis qu'a eu lieu, en Cour supérieure, l'enquête sur mise en liberté de son ancien patron, Iraklis Haviaropoulos, 40 ans. Elle lui a été refusée la semaine dernière.

M. Haviaropoulos, officiellement un vendeur d'asphalte, est détenu depuis le 30 mars dernier et fait l'objet d'une demande d'extradition aux États-Unis pour complot pour trafic de cocaïne. Il a été arrêté à la demande des autorités américaines par la Sûreté du Québec (SQ) durant l'opération Mygale, décrite par la SQ comme « le plus important projet d'enquête jamais réalisé à ce jour, en Amérique, en matière de contrebande de tabac et de criminalité transfrontalière entre le Canada et les États-Unis ».

LE TRAQUENARD

C'est à l'été 2014 que l'employé de M. Haviaropoulos a retourné sa veste à l'insu de son patron. Sa ligne était écoutée et il décryptait les messages textes échangés avec M. Haviaropoulos et d'autres suspects et les transférait tous à la police. À la demande de son employeur, l'agent civil a embauché des courriers pour transporter de grosses sommes d'argent devant servir à payer la cocaïne, mais ceux-ci étaient en réalité des taupes de la police.

Selon un résumé des faits partiel lu par le juge Michael Stober, de la Cour supérieure, et préparé par les Américains, en octobre 2014, M. Haviaropoulos aurait demandé à son employé de livrer de l'argent au Pérou pour acheter 100 kg de cocaïne auprès d'un fournisseur colombien, Carlos Ocampo.

En mars 2015, M. Haviaropoulos aurait mandaté son employé pour se rendre au Mexique afin de discuter de l'achat de cocaïne et de son transport entre les États-Unis et le Canada. Plus tard cette année-là, M. Haviaropoulos aurait demandé à son employé de trouver un local pour préparer et entreposer la cocaïne à Piura, au Pérou, et d'amasser 105 000 $US à Montréal, qui auraient ensuite dû être envoyés à Bogota, en Colombie, pour l'achat de 120 kg.

En février 2016, M. Haviaropoulos se serait rendu en Colombie pour rencontrer M. Ocampo et lui demander pourquoi il aurait été incapable de le fournir en cocaïne depuis plusieurs mois. M. Ocampo aurait expliqué que son organisation s'était fait saisir 350 kg.

62 000 $ ET DE FAUX PAPIERS

Le jour de son arrestation, le 30 mars, les enquêteurs ont trouvé chez M. Haviaropoulos une somme de 62 000 $, un faux permis de conduire ontarien et une fausse carte d'assurance maladie affichant sa photo, mais portant le nom de George Vourgas. Les policiers américains et péruviens n'auraient toutefois saisi aucune drogue dans ce volet d'enquête.

Le juge Stober a refusé de le mettre en liberté, vraisemblablement surtout en raison des risques de fuite.

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