Jonathan Raymond aurait été si furieux qu'on ait remorqué ses véhicules il y a des années qu'il se serait vengé en incendiant les dépanneuses de plusieurs entreprises montréalaises à la fin du mois de septembre, selon la version de la police. Perplexes, les dirigeants des entreprises visées ne comprennent pas pourquoi cet homme, accusé jeudi dernier à la Cour du Québec, s'en serait pris à eux.

Le suspect de 35 ans, aux nombreux antécédents criminels, a comparu la semaine dernière au palais de justice de Montréal. Il fait face à des chefs d'accusation d'incendie criminel et de possession de matière incendiaire pour quatre incendies de dépanneuses survenus entre le 20 et le 23 septembre dernier dans le secteur de Lachine et dans l'arrondissement de Villeray-Saint-Michel-Parc-Extension, à Montréal.

Jonathan Raymond est ainsi accusé d'avoir incendié des véhicules de deux entreprises, soit Burstall et Service routier Suprême inc., peut-on lire dans l'acte de dénonciation déposé en cour.

Or, au moins deux autres entreprises de remorquage ont été la cible d'un incendiaire au cours de cette période, a appris La Presse. Des crimes pour lesquels aucun suspect n'a encore été accusé. «L'individu pourrait être relié à d'autres événements. L'enquête se poursuit», indique d'ailleurs le communiqué de presse du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM), diffusé hier.

Surprise chez Remorquage Météor

Serge Landry est l'un des propriétaires de Remorquage Météor. Une nuit, il y a quelques semaines, un malfaiteur a lancé un cocktail Molotov sur l'une de ses dépanneuses. Celle-ci a complètement flambé. Une perte totale. Abasourdi, il se demande qui a bien pu s'attaquer à son entreprise.

«On n'a jamais, jamais reçu de menaces. On n'a jamais eu quelqu'un en beau fusil», martèle-t-il.

Selon lui, l'époque de la guerre d'intimidation entre entreprises de remorquage est révolue depuis une quinzaine d'années. «Dans le milieu, c'est très clair, il n'y a pas de recrudescence de violence», affirme-t-il.

Catherine Phaneuf, présidente de Service routier Suprême, a eu plus de chance dans sa malchance.

Un voisin a appelé les pompiers alors que sa dépanneuse venait tout juste d'être incendiée, ce qui a considérablement limité les dégâts. Elle aussi se demande bien pourquoi le suspect s'en serait pris à son entreprise. «Mon client, c'est CAA», explique-t-elle, ajoutant qu'en 30 ans, l'entreprise familiale n'a jamais été la cible d'un incendie criminel.

Même incompréhension chez l'entreprise de remorquage Burstall, qui n'aurait fait l'objet d'aucune menace au cours des semaines précédentes.

En entrevue avec La Presse, le président Gary Mendelsohn a soutenu que deux de ses véhicules avaient été incendiés, mais que les dommages s'élevaient seulement à 2500$.

Un lourd passé

Jonathan Raymond est resté détenu après sa comparution.

Le résidant de Montréal a maille à partir avec les forces de l'ordre depuis son adolescence; il a notamment fait face à des accusations de possession de drogue et d'entrée par effraction.

La police croit qu'il pourrait être lié à d'autres événements semblables et demande l'aide de la population à ce sujet.

Jonathan Raymond