Malgré une recrudescence d'événements violents visant de jeunes individus liés aux Bleus et aux Rouges, en particulier depuis la mi-juillet à Montréal, la police refuse de parler d'une tension grandissante dans le milieu des gangs de rue.

«Ce n'est pas différent de ce que nous observons depuis trois ans. Il n'y a ni plus ni moins d'événements impliquant des gangs de rue que ceux enregistrés au cours des dernières années», assure l'inspecteur Mario Desmarais de la Division du crime organisé du SPVM.

Jeudi soir, un homme de 22 ans, Donald César, qui avait notamment des antécédents de stupéfiants, a été tué d'au moins une balle dans la tête dans une voiture dans l'arrondissement de Montréal-Nord. Selon nos sources, César était parent avec Chénier Dupuy, un membre influent des Rouges assassiné durant l'été 2012.

Le 22 août dernier, un jeune homme de 21 ans a été tué dans le quartier Saint-Michel. D'après nos informations, c'est un autre individu lié aux Bleus qui était visé dans l'attentat et il y aurait donc eu erreur sur la personne.

La veille, un individu lié aux Rouges en libération conditionnelle a été blessé par balles aux jambes dans le quartier Rivière-des-Prairies. Le jeune homme, dont la libération conditionnelle a été suspendue, pourrait avoir été victime d'une purge interne.

D'autres meurtres, tentatives de meurtre, agressions, bagarres, sont survenus ces derniers mois, en particulier dans l'arrondissement de Montréal-Nord.

Jeunes contre vieux

Des sources se demandent si nous n'assistons pas à une reprise des frictions entre les joueurs qui se trouvent au bas de l'échelle des gangs de rue et à un regain de tensions entre Bleus et Rouges, après quelques années d'accalmie.

D'autres nous parlent d'incidents violents impliquant des membres d'un groupe qui veut asseoir son autorité au centre-ville de Montréal et qui se heurte à quelques jeunes membres de gangs récalcitrants.

«On voit un peu de tout. On ne peut pas dire que ce sont les Bleus contre les Rouges. Les enquêtes démontrent plutôt des conflits entre individus. Par contre, en ce qui concerne les plus vieux membres de gangs et les plus jeunes, on entend dire que les jeunes trouvent qu'ils n'ont pas leur part du gâteau. Cela peut se traduire par des guerres de territoires et des bagarres».

«Toutefois, ça peut paraître trompeur, mais il n'y a pas de guerre. On constate même une baisse en matière de crimes avec violence qui demeurent pour nous une priorité», affirme l'inspecteur Desmarais selon qui la police poursuit ses efforts pour lutter contre les gangs de rue et les crimes violents.

L'Escouade éclipse

En 2008, plusieurs meurtres et tentatives de meurtre commis en début d'année avaient incité le SPVM à faire de la lutte aux gangs de rues une priorité et à créer l'Escouade Éclipse, devenue incontournable pour la collecte de renseignements et la surveillance dans les établissements licenciés le soir et la nuit.

Après l'assassinat de Chénier Dupuy, à l'été 2012, les autorités avaient constaté une accalmie dans les tensions entre membres de gangs rivaux, qui travaillaient même parfois ensemble, nous avait-on confié. Mais un avenir pas très lointain nous dira si cette époque est révolue.