Un des présumés ravisseurs de la journaliste canadienne Amanda Lindhout a harcelé sa mère au téléphone pour lui réclamer une rançon pendant les 15 mois de sa captivité, a-t-elle dévoilé dimanche.

Ali Omar Ader, qui a été arrêté la semaine dernière à Ottawa par la Gendarmerie royale du Canada (GRC), aurait participé à l'enlèvement de Mme Lindhout et du photojournaliste australien Nigel Brennan en Somalie, en août 2008. Ils avaient été libérés en 2009, lorsqu'une rançon de 600 000 $ avait été versée au groupe. Le suspect arrêté à Ottawa serait l'un des principaux négociateurs, selon la police.

Dans un communiqué diffusé dimanche, Mme Lindhout a affirmé que M. Ader avait «terrorisé» sa mère en l'appelant plusieurs fois par jour, et parfois même toutes les heures.

En entrevue avec l'Associated Press, la journaliste a relaté que son présumé ravisseur - qui était «déséquilibré à plusieurs niveaux», selon elle - était par moment mielleux avec sa mère et l'appelait même «maman». Il lui racontait qu'il rêvait de se rendre au Canada pour la voir.

Or, il changeait de ton rapidement en lui disant qu'il allait tuer sa fille. Les dirigeants du groupe avaient menacé plusieurs fois leurs otages de les décapiter si leur rançon n'était pas versée, selon Mme Lindhout. Ils étaient fréquemment torturés et Mme Lindhout dit s'être fait violer par certains de ses bourreaux.

Amanda Lindhout a décrit M. Ader comme étant «erratique», «intimidant». Il était entièrement complice des mauvais traitements qu'elle subissait, a-t-elle ajouté.

«Il ne m'a jamais touchée ou agressée. Mais un jour, il est venu dans la chambre où j'étais détenue et il s'est assis à côté de moi pour m'annoncer qu'il allait me marier (...) Il parlait en détail de cela et après il a appelé ma mère pour lui dire. C'était terrifiant pour ma mère», a-t-elle affirmé.

M. Ader aurait aussi exprimé sa volonté d'épouser la mère de son otage. «Il était vraiment malade», a-t-elle lâché au bout du fil.

Mme Lindhout a d'ailleurs indiqué que sa mère avait vécu une semaine difficile parce qu'elle avait dû voir pour la première fois l'homme qui l'a tant terrorisée à distance.

Amanda Lindhout, qui n'est plus journaliste, a fondé depuis un organisme d'aide humanitaire en Somalie et au Kenya.

«Je me sens bien. Une telle nouvelle est bouleversante, parce que ça ramène de mauvais souvenirs des moments difficiles que j'ai vécus, mais ça fait aussi du bien parce qu'on sent que justice est rendue», a-t-elle conclu.

Photo: PC

Amanda Lindhout