Lorsque la GRC lui a annoncé l'arrestation de son présumé ravisseur somalien, la journaliste Amanda Lindhout s'est écroulée sur le plancher, en larmes, en remerciant la police.

Un agent qui a travaillé sur ce dossier durant les cinq dernières années lui avait pourtant demandé si elle était bien assise, a-t-elle raconté dimanche dans une déclaration publiée sur les médias sociaux.

«Il y avait plusieurs responsables de la GRC sur la ligne lorsqu'il m'a annoncé la nouvelle. J'étais sidérée qu'ils aient fait l'arrestation. J'étais encore plus sidérée que le ravisseur accusé soit dans mon pays.»

«J'avais oublié de m'asseoir et mes genoux ont lâché. J'étais couchée sur le plancher, pleurant et disant: merci, merci, merci infiniment».

La GRC a annoncé vendredi l'arrestation d'Ali Omar Ader à Ottawa.

Les autorités en ont peu révélé sur comment le Somalien était arrivé au Canada. Il fait maintenant face à des accusations criminelles de prise d'otage.

Malgré le soulagement encouru par l'arrestation, la vue du visage d'Ader dans les médias a provoqué en Mme Lindhout tout un spectre d'émotions.

«Il m'est difficile de décrire comment c'était de revoir son visage. Cela m'a apporté de la colère, de la peur, de la confusion, et aussi - sachant qu'il ne présente plus une menace pour moi ni pour quiconque - un certain soulagement.»

Amanda Lindhout et le photographe Nigel Brennan ont été enlevés par de jeunes hommes armés près de Mogadiscio, la capitale somalienne, en août 2008. Ils ont été libérés le 25 novembre 2009.

De passage à l'émission Question Period, sur les ondes du réseau CTV, dimanche, le ministre de la Défense, Jason Kenney, a lui aussi félicité la GRC et les autres services de police internationaux qui ont participé d'une façon ou d'une autre à l'arrestation d'Ader.

«Un travail policier complexe et absolument brillant a été fait.»

«Le fait que la GRC, avec d'autres agences policières internationales, n'a pas abandonné ce dossier et réussi à conclure l'enquête est un grand succès pour elle», a-t-il ajouté.

Ali Omar Ader a été arrêté jeudi à Ottawa. Selon la GRC, l'homme de 37 ans était dans la ville depuis quelques jours, mais elle refuse de dire comment il est arrivé au Canada.

Il sera de retour devant les tribunaux le 19 juin. Son avocat, Samir Adam, a soutenu vendredi qu'il n'avait pas assez d'information sur les allégations qui pèsent contre son client pour commenter.

La réussite d'une telle poursuite demande «un certain niveau de discrétion», a pour sa part déclaré le commissaire adjoint de la GRC, James Malizia, vendredi en conférence de presse. Les équipes intégrées de la sécurité nationale de la GRC, d'autres équipes de la police fédérale et des agences partenaires travaillaient sur cette affaire depuis l'enlèvement qui s'est produit il y a sept ans.

Les détails de cette enquête de longue haleine - qui a impliqué des opérations d'infiltration, de la surveillance et de l'écoute électronique - seront dévoilés en cour, a-t-il précisé.

Pour l'instant, a déclaré Mme Lindhout, tout ce qui compte est que des accusations ont été portées.

«Je suis reconnaissante que cet homme ait été arrêté. Je suis heureuse qu'il soit convoqué en cour pour répondre de son rôle dans l'enlèvement.»