La GRC a enquêté il y a 15 ans sur la relation entre l'ex-entraineur de l'équipe féminine junior de ski Bertrand Charest et ses skieuses, affirme Canada Alpin.

Dans un communiqué de presse diffusé vendredi avant-midi, les dirigeants de l'équipe nationale indiquent avoir été mis au courant en février 1998 que l'homme entretenait «des contacts inappropriés» avec une membre de l'équipe.

Alpin Canada a ouvert une enquête. Charest a été suspendu de son poste d'entraineur. On lui a interdit tous contacts avec les skieuses. Il a démissionné quelques jours plus tard, lit-on dans le communiqué.

Alpin Canada affirme que la GRC a à l'époque mené une enquête à laquelle l'organisme dit avoir collaboré. « Nous ne connaissons pas les résultats de cette enquête.»

Une aide psychologique avait aussi été offerte aux athlètes.

Rappelons que Bertrand Charest, 49 ans, a été accusé mercredi de 47 chefs de contact sexuel et d'agression sexuelle contre 8 anciennes skieuses, âgées de 12 à 18 ans au moment des faits.

Une 9e victime s'est manifestée jeudi. L'homme comparaissait aujourd'hui pour répondre à de nouvelles accusations.

Les événements qu'on lui reproche se seraient produits entre 1991 et 1998. Durant cette période, l'entraineur a travaillé pour l'équipe de Mont-Tremblant, l'équipe Laurentienne, puis l'équipe nationale. L'identité des victimes fait l'objet d'une ordonnance de non-publication. On compte des athlètes de renom parmi elles.

Cette semaine, plusieurs sources nous ont confirmé que les dirigeants de Canada Alpin étaient au courant depuis 1998 des crimes reprochés à l'homme.

Des athlètes qui faisaient partie de l'équipe à l'époque, des parents de skieuses et d'anciens employés de la fédération sportive ont tous raconté que Bertrand Charest avait été mis à la porte précipitamment en 1998 après qu'on a découvert qu'il couchait avec des skieuses.

Une querelle aurait éclaté à l'époque entre des jeunes filles qui croyaient chacune vivre une relation amoureuse exclusive avec leur entraineur. L'affaire est parvenue aux oreilles des adultes.

Bertrand Charest était à l'étranger au moment des faits. On lui a montré la porte, mais il n'a pas été dénoncé. Cela lui a permis de continuer à travailler dans le monde du ski, ce qu'il faisait au Mont-Blanc, dans les Laurentides, jusqu'à son arrestation.

«Ça aurait mal paru pour les commanditaires [de le dénoncer]. Et sans les commanditaires, l'équipe ne peut pas fonctionner», a raconté une athlète.

Selon une autre skieuse, qui a elle aussi évolué sous Charest, «tout le monde savait» ce qui se passait, mais «personne n'en a parlé pour ne blesser personne».

«Des carrières et, surtout, des femmes ont été brisées par ce prédateur», dit-elle.