Un Pakistanais soupçonné par les autorités canadiennes d'avoir voulu commettre des attentats à Toronto est présentement détenu pour la suite des procédures visant sa déportation.

La Commission de l'immigration et du statut de réfugié a ordonné mercredi la détention immédiate, «pour des raisons de sécurité», de Jahanzeb Malik, arrivé au Canada en 2004 avec un visa d'étudiant, mais qui a obtenu son statut de résident permanent en 2009. L'homme de 33 ans aurait depuis effectué plusieurs allers-retours entre le Canada et le Pakistan.

C'est l'Agence des services frontaliers du Canada qui a arrêté M. Malik à Toronto, lundi, à la suite d'une longue enquête menée par des responsables de la sécurité et de la lutte au terrorisme, a indiqué mercredi à Ottawa le ministre de la Sécurité publique, Steven Blaney.

Lors de l'audience de mercredi devant la Commission de l'immigration, une procureure fédérale a indiqué qu'un agent d'infiltration de la Gendarmerie royale du Canada avait gagné la confiance de Malik et était devenu son ami. Selon Me Jessica Lourenco, M. Malik a alors tenté d'embrigader l'agent de la GRC en lui montrant ce qui semblait être des vidéos du groupe armé État islamique dans lesquelles des otages sont décapités.

La procureure du ministre de l'Immigration a aussi soutenu que M. Malik avait évoqué avec la taupe de la GRC le projet de fabriquer des bombes contrôlées à distance pour faire exploser le consulat américain et des immeubles du quartier financier, à Toronto. Selon Me Lourenco, M. Malik voulait filmer ses attentats pour encourager d'autres militants à imiter son action.

Les autorités canadiennes soutiennent aussi que M. Malik se réclame de l'État islamique, et prétend être un «ami personnel» de l'Américain Anwar al-Awlaqi, un des dirigeants de l'organisation terroriste Al-Qaïda, tué en 2011 par le missile d'un drone américain au Yémen. Le Canada soutient enfin que M. Malik a déjà suivi un entraînement en Libye «sur le maniement des armes, les techniques de combat et les mines antipersonnel».

Après avoir entendu ces arguments, la Commission de l'immigration a estimé que Malik représentait une menace à la sécurité publique et qu'il risquait de prendre la fuite, et elle a ordonné sa détention préventive pendant la suite des procédures. M. Malik, qui n'a été accusé d'aucun crime, a comparu mercredi par visioconférence de la prison de Lindsay, en Ontario; il doit comparaître à nouveau devant la Commission de l'immigration lundi prochain.

Il a été impossible de joindre son avocat, mercredi.

On ignore pourquoi les autorités canadiennes ont opté dans cette affaire pour la déportation plutôt que le dépôt d'accusations criminelles, comme on l'avait fait dans des affaires similaires - par exemple pour Chiheb Esseghaier et Raed Jaser, accusés d'avoir comploté pour faire dérailler un train de passagers entre New York et Toronto, sur la base du témoignage d'une taupe de la police.

À Ottawa, le ministre Blaney a refusé de commenter «des questions opérationnelles», si ce n'est pour dire que la GRC l'avait assuré que M. Malik était «prêt à commettre un attentat terroriste en sol canadien». Le ministre, qui vient de déposer un projet de loi antiterroriste qui accorderait plus de pouvoirs aux autorités, a esquivé la question d'un journaliste qui faisait remarquer que la détention de M. Malik démontrait bien que les lois actuelles fonctionnent.

«Ça montre que nos policiers, nos agents du service de renseignement, nos agents des services frontaliers font un excellent service, et c'est la raison pour laquelle nous avons besoin de continuer à les appuyer, autant au niveau des ressources que des nouvelles lois», a simplement dit le ministre Blaney, dans le foyer des Communes.