Alors que les Hells Angels sont sur le point de reprendre leur place tout en haut de la pyramide du crime organisé au Québec, l'un de leurs membres les plus dévoués, Yves Leduc, sera libéré d'office aujourd'hui.

Leduc, 51 ans, alias Led, membre de la section South, a été condamné à un total de 15 ans et 4 mois de pénitencier pour trafic de stupéfiants et complot pour meurtre dans la foulée des opérations Ziplock (2004) et SharQc (2009). Il obtient sa libération après avoir purgé la moitié de sa peine.

Mais en raison des risques élevés de récidive, de son absence de remise en question et de son refus de se dissocier des Hells Angels, la Commission des libérations conditionnelles du Canada impose des conditions spéciales à Yves Leduc, qui sera assigné à résidence et devra respecter un couvre-feu.

De plus, le motard ne pourra afficher aucune référence aux Hells Angels, devra éviter les débits de boisson, ne pourra communiquer avec toute personne ayant des antécédents judiciaires et devra divulguer ses états financiers, et ce, jusqu'à la fin de sa sentence, au début de 2020.

Depuis son arrivée au pénitencier Archambault, où se trouvent plusieurs membres des Hells Angels, Leduc aurait eu une importante influence sur la population carcérale et serait l'instigateur d'une agression contre un codétenu, selon la commission.

Celle-ci juge ses finances « nébuleuses », alors que Leduc dit avoir vendu des entreprises qui lui appartenaient, soit une agence de placement de danseuses et d'escortes et une entreprise de guichets automatiques.

Yves Leduc affirme que deux propriétaires d'entreprise sont prêts à lui offrir un emploi à sa sortie et il dit vouloir s'occuper d'un membre de sa famille.

Un dur de dur

L'opération Ziplock, menée par la Sûreté du Québec, a visé des membres des Hells Angels de la section South, des South Side et des Wolfpack, qui avaient commencé à prendre la relève de la vente de stupéfiants à Montréal, en remplacement des Nomads et des Rockers étrillés dans l'opération Printemps 2001.

Durant l'enquête, Yves Leduc s'était associé à un motard qui était en réalité un agent source de la police. Ce dernier s'approvisionnait en cocaïne au kilo directement auprès d'un lieutenant de la mafia arrêté et accusé après l'opération Colisée.

Lors d'une rencontre de membres des Hells Angels filmée par la police, Yves Leduc aurait pris la parole et expliqué comment gravir les échelons chez les Hells Angels, en mimant une arme avec les doigts de sa main.

Alors qu'il était en conflit avec un chef de clan de la mafia du Mile End qui vendait des stupéfiants dans des bars contrôlés par les Hells Angels, le motard a rencontré le défunt mafioso Moreno Gallo dans un bar de danseuses du nord de Montréal pour qu'il règle le litige, nous ont confié des sources.

Lors de l'interrogatoire qui a suivi son arrestation dans l'opération Ziplock, Yves Leduc a refusé de répondre aux questions des enquêteurs, les bras croisés. Il est demeuré de glace lorsque ceux-ci lui ont apporté une bouteille d'eau, de peur qu'ils n'en profitent pour prélever son ADN, nous a-t-on raconté.

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