«Est-ce que je peux vraiment me fâcher contre Jean-Richard? Je ne le sais pas. J'ai de la peine, oui. Mais de la colère, je ne le sais pas.»

Au bout du fil, la grande soeur de John-Aly Morno Legrand, tué dans un accident d'auto samedi, a admis lundi qu'elle ne sait pas trop quoi penser du conducteur du véhicule de la mort, Jean-Richard Auguste. C'est lui qui était derrière le volant quand son petit frère de 19 ans et son ami, Jean-Rémy Moreau, ont été tués. Les deux autres passagers de la voiture, David Lalonde-Bouchard et Geraldine-Gesica Bijoux, s'en sont tirés avec des blessures. 

Jean-Richard Auguste a comparu de son lit d'hôpital, lundi, afin de faire face à 13 accusations, dont conduite dangereuse causant la mort dans un contexte de course de rue, et négligence criminelle causant la mort de deux personnes et des blessures à deux autres. Le jeune homme est aussi accusé de possession de cannabis.

«C'est des jeunes. N'importe qui aurait pu le faire», a avancé Mackerly Morno. Elle est l'aînée d'une famille de trois enfants, et elle doit à présent veiller sur sa mère, «inconsolable» depuis la mort de son plus jeune, John-Aly.

La jeune femme de 24 ans a confié ne pas trop suivre les nouvelles afin de s'épargner du chagrin. Mais ce n'est pas une tâche facile: la collision, survenue vers 2h00 samedi sur le boulevard Notre-Dame, a attiré l'attention par son caractère violent. La voiture conduite par Jean-Richard Auguste a dévié de sa trajectoire, percuté un gros érable et arraché un balcon avant de s'immobiliser. Le choc a été si grand que le tronc de l'arbre a été sectionné en partie.

La comparution du conducteur est venue ajouter du poids à l'hypothèse d'une course de rue. Une situation qui ne plaît pas à la grande soeur de John-Aly. «La vitesse, ce n'était vraiment pas son fort», a-t-elle assuré. Elle a décrit son frère, un paysagiste de formation, comme un jeune homme «qui connaissait tout le monde», «qui aimait faire des blagues». «Il aimait passer du temps en famille, surtout avec son petit neveu de presque un an. Il était très apprécié de tout le monde», a-t-elle ajouté.

La famille de la deuxième victime de l'accident, Jean-Rémy Moreau, s'est montrée plus discrète. Sur Facebook, les amis de «Timy» ont été plus visibles. Et ils lui ont rendu hommage à leur façon. «Premier gars qui m'a fait sip [boire] de la Corona. Je ne vais jamais l'oublier», a écrit un ami. Un autre la qualifié de «frère», car les deux amis «chillaient» de la même façon. Il lui a promis de garder des «puff» pour lui.

Nulle part, des amis n'ont remis en cause le rôle du conducteur de la voiture dans l'accident. «RIP à vous deux. Restez forts les trois autres, surtout toi mon frère. Tu vas passer à travers, tu es suffisamment fort pour ça», a d'ailleurs écrit la soeur de David Lalonde-Bouchard, blessé dans l'accident. Le principal intéressé a lui aussi envoyé un message à ses amis. «R.I.P my nigga. Dire que j'étais avec vous, pis vous êtes morts», a écrit le jeune Lalonde Bouchard. 

Un membre de la famille du conducteur, joint par La Presse, n'a pas voulu commenter l'affaire.



Sur les lieux de la tragédie, un mémorial a été aménagé. Des toutous, des photos et des chandelles ont été déposés, de même que des bouteilles d'alcool vide.

Photo tirée de Facebook

John-Aly Morno-Legrand

Photo tirée de Facebook

Jean-Rémy Moreau