L'importateur Ray Kahno, condamné après l'opération Colisée, assure qu'il n'a rien à voir avec l'importante quantité de cocaïne qui avait été cachée dans une livraison de 218 kg saisie à l'aéroport Pierre-Elliott-Trudeau en janvier 2005.

Cette saisie avait provoqué une chasse aux sorcières au sein de la mafia et grandement aidé la tâche des enquêteurs, et les mafiosi et l'écoute électronique de la GRC ont depuis montré du doigt Kahno comme étant celui qui a fait ajouter ces 100 kg à l'insu de l'organisation, pour ne pas payer de taxes. Mais hier, le principal concerné a nié ces informations devant les commissaires aux libérations conditionnelles.«Ce n'est pas moi qui ai été impliqué dans cette affaire. Je n'en ai pas eu connaissance. Je n'ai jamais été convoqué à aucune rencontre, je n'ai jamais été réprimandé et je ne suis pas en dette envers l'organisation», a martelé celui qui demande une semi-liberté en maison de transition ou une libération conditionnelle totale.

Kahno a aussi dit aux commissaires qu'il pensait même prendre sa retraite juste avant que cette fameuse saisie se réalise, en janvier 2005, car il avait accumulé assez d'argent. De fait, durant l'enquête Colisée, les policiers ont trouvé chez certains de ses proches 3 millions en argent qui lui appartenaient, et pour 1 million de plus en biens immobiliers et autres. Aujourd'hui, Kahno a une dette de 2 millions envers le fisc; il va bientôt déclarer faillite et devoir payer 5000$ d'amende.

Affilié au crime organisé

Kahno a raconté qu'il a commencé dans le crime en volant des voitures, ce qui lui a permis de se «faire un nom». Au début des années 2000, un ami haïtien lui a ensuite demandé de lui trouver des clients pour de la cocaïne, à coups d'un, deux, trois ou quatre kilos.

Kahno a nié être affilié au crime organisé italien, mais admet avoir travaillé pour celui-ci, car il avait des contacts, surtout en Haïti. «Je n'aurais jamais pu être membre de la mafia, car je suis de souche arabe», a-t-il dit.

En 2010, Kahno a tenté de faire entrer des stéroïdes au pénitencier Leclerc, ce qui lui a valu d'être «remonté» dans un pénitencier à sécurité maximum, à Donnacona. Il a amorcé une remise en question il y a un an, un changement «tardif», a souligné le commissaire François Baron. Mais Kahno a marqué des points en répondant qu'il n'y avait aucun programme de réhabilitation pour lui au pénitencier, qu'il a changé 10 fois d'agent de libération et qu'un cégep a mis fin aux cours qu'il avait commencés à Leclerc.

Comme tout bon détenu qui se présente devant les commissaires, Ray Kahno a lancé les classiques «fléau» en parlant de la drogue, «erreurs de jeunesse» ou «j'ai pris le mauvais chemin». En revanche, certaines envolées étaient bien senties.