Troublé par la présence à Montréal d'un délinquant sexuel ayant fait plusieurs victimes en Californie, le ministre de la Sécurité publique du Canada a sauté dans l'arène judiciaire, hier, pour encourager l'imposition de nouvelles ordonnances légales au résidant d'Outremont.

Le ministre réagissait à un reportage de La Presse sur le retour à Montréal de George Spitzer, un citoyen canadien qui a été condamné pour des viols en Californie.

«Nous sommes profondément troublés par les crimes odieux de ce prédateur sexuel. En raison du risque élevé de récidive et de l'absence de remords, nous encourageons la province de Québec à imposer à cet individu une obligation de ne pas troubler la paix publique», a déclaré Jason Tamming, porte-parole du ministre Steven Blaney.

Mais à Québec, la ministre de la Justice, Stéphanie Vallée, a mis à peine quelques minutes pour rejeter du revers de la main toute intervention gouvernementale dans cette affaire.

«Ce serait inadéquat pour la ministre de s'immiscer dans un dossier judiciaire en cours!» a objecté la porte-parole de Mme Vallée, Jolyane Pronovost, après discussion avec sa patronne.

«Nous respectons l'indépendance du juge qui a en sa possession tous les moyens pour juger des ordonnances appropriées», a expliqué Mme Pronovost.

Alors que les politiciens se renvoyaient la balle, le frère jumeau de George Spitzer comparaissait quant à lui menottes aux poings au palais de justice de Montréal. Stefan Spitzer a été arrêté mercredi dans le stationnement de la Place Versailles, quelques minutes après s'être présenté au poste de police, comme il doit le faire chaque semaine en raison de ses propres antécédents de viol en Californie.

Selon la dénonciation déposée au palais de justice, les enquêteurs du module des agressions sexuelles ont constaté que Stefan Spitzer conduisait un véhicule qu'il n'avait pas enregistré auprès d'eux. Or, en raison de son potentiel de dangerosité jugé extrêmement élevé, Stefan Spitzer avait dû s'engager à fournir aux policiers les renseignements détaillés sur tout véhicule auquel il pourrait avoir accès.

Vêtu d'un t-shirt blanc, Stefan Spitzer est resté silencieux lors de sa comparution. Il reviendra en cour aujourd'hui pour son enquête sur remise en liberté, la Couronne s'étant opposée à sa libération.

Une avocate se retire

Par ailleurs, George Spitzer continue de son côté à subir sa propre enquête sur remise en liberté au palais de justice de Montréal, après avoir été arrêté pour une fraude de plus de 5000$ le mois dernier.

Une nouvelle ordonnance de non-publication émise par le juge Thierry Nadon interdit de rapporter les détails des procédures. Le dossier revient en cour aujourd'hui.

George Spitzer se représente maintenant seul. Son avocate, Me Ilana Amouyal, a laissé tomber le dossier, avec lequel elle n'était plus à l'aise.

- Avec la collaboration de Joël-Denis Bellavance