Un laboratoire de fabrication d'ecstasy a été démantelé dans le sous-sol d'une résidence privée pour personnes âgées de la rue Fleury Est, à Montréal-Nord, à la fin du mois de mai, a appris La Presse. L'établissement était certifié par l'Agence de la santé et des services sociaux de Montréal.

L'un des propriétaires de la résidence Fleury C.L., Claude Moisan, 57 ans, a été arrêté et fait face à six chefs d'accusation, dont celui de production et de trafic de substance.

Selon le porte-parole du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM), Laurent Gingras, une perquisition menée le 9 mai dernier a permis de démanteler un laboratoire de production de métamphétamines et d'ecstasy dans la résidence pour aînés de M. Moisan. Des cigarettes de contrebande ont également été saisies.

Une perquisition a aussi eu lieu chez un certain Michel Tremblay, 26 ans, et a mené à la découverte de plusieurs armes à feu et stupéfiants. Un gilet pare-balles a entre autres été saisi, de même qu'un arc, des flèches, un poing américain et une presse à pilules. «L'ampleur des éléments saisis nous laisse croire que le deuxième suspect pourrait être lié au crime organisé», affirme le sergent Gingras.

Vingt-trois chefs d'accusation ont été déposés contre M. Tremblay.

Une femme aurait également été arrêtée dans cette affaire, mais elle aurait été libérée sous promesse de comparaître.

Une résidence certifiée

La résidence Fleury C.L. hébergeait sept personnes âgées et était certifiée depuis au moins 2011. «Aucun des résidants n'avait de perte cognitive sévère», affirme la porte-parole de l'Agence de la santé de Montréal, Marie-France Coutu.

Celle-ci précise que dès que l'Agence a été informée de l'intervention des policiers, la certification de la résidence a été révoquée et les résidants ont été relogés. Les propriétaires n'ont pas contesté la révocation de leur permis.

Le président du Conseil pour la protection des malades, Paul Brunet, estime que cette arrestation est la preuve que la certification des résidences privées pour aînés «n'est pas un gage d'assurance qualité». «Nous n'avons jamais été rassurés par la certification. S'il n'y a pas de visites sur le terrain qui se font régulièrement, ça ne vaut rien», dit-il.

La certification des résidences pour personnes âgées a été introduite en 2009 pour mieux superviser l'industrie. Depuis, la loi a été resserrée.

Au début de l'été, pour répondre aux inquiétudes des propriétaires de résidences privées qui jugent plusieurs exigences de la certification trop coûteuses, Québec a accepté de reporter d'un an l'application de trois mesures, dont la vérification des antécédents judiciaires de tous les employés, l'installation obligatoire de systèmes d'appel à l'aide et le respect du seuil minimal de surveillance.

À louer

Hier après-midi, personne ne se trouvait à l'intérieur de la résidence Fleury C.L., qui est maintenant à louer. L'affiche annonçant une résidence pour personnes âgées avait été retirée.

Les deux accusés ont été libérés en mai. La procureure au dossier, Me Geneviève Boutet, mentionne qu'ils seront de retour devant les tribunaux le 9 septembre.