Cinq enfants de moins de 10 ans ont été secourus par la police à la suite d'une vaste opération policière qui a permis l'arrestation d'une centaine de Canadiens, dont 18 Québécois, soupçonnés d'avoir exploité sexuellement des enfants sur Internet.

La Gendarmerie royale du Canada (GRC) a dressé le bilan de l'opération Snapshot III, jeudi à Halifax. Une opération qui s'est échelonnée sur quatre mois et qui s'est soldée par l'arrestation ou la mise sous enquête de 150 suspects.

Quarante services de police à travers le pays ont été mobilisés pour mener 167 enquêtes sur ces présumés agresseurs sexuels qui sévissaient en ligne en recueillant, possédant, partageant, diffusant ou produisant du matériel de pornographie juvénile.

Deux millions d'images et de vidéos, de même que des centaines d'ordinateurs et de disques durs ont été saisis par les autorités, a indiqué la GRC.

En conférence de presse, le sergent Michael Petrilli a révélé que des enfants en bas âge, de même que des bambins, se trouvent sur de nombreuses images saisies.

«Ce ne sont pas des images d'enfants qui prennent simplement un bain, a-t-il spécifié. Il s'agit clairement d'enfants qui sont dans une situation où ils subissent une agression sexuelle.»

Deux des enfants qui ont été secourus se trouvaient en Colombie-Britannique, alors que les trois autres étaient au Québec, en Ontario et au Nouveau-Brunswick.

Les enquêteurs n'ont révélé que très peu d'informations sur les jeunes victimes, si ce n'est que les cinq enfants connaissaient leur agresseur présumé.

En tout, ce sont 343 accusations criminelles, qui comprennent des chefs d'agression sexuelle, leurre et possession et distribution de pornographie juvénile, qui ont été déposées contre 104 individus jusqu'à maintenant. D'autres accusations pourraient être déposées au cours des prochaines semaines.

Au Québec, les suspects ont été arrêtés à Montréal, Québec, Laval, Longueuil, Gatineau, Sherbrooke, Saint-Jean-sur-Richelieu, Saint-Hyacinthe, Granby, Durham-Sud, Maskinongé, McMasterville et Saint-Ferdinand.

Par voie de communiqué, le commissaire de la GRC, Bob Paulson, a signalé que «chaque arrestation et chaque poursuite en justice permettent de secourir des dizaines de victimes potentielles».

L'enquête, qui a été pilotée jusqu'ici par le Centre national de coordination contre l'exploitation des enfants de la GRC, pourrait prendre une tournure internationale prochainement.

«Je serais surpris s'il n'y avait aucune enquête internationale qui émergerait des arrestations effectuées ici au Canada», a laissé tomber le sergent Darren Parisien de la GRC à Saskatoon, qui a collaboré à l'enquête.

Il a indiqué que la plupart des enquêtes ont été initiées par des policiers qui tentaient d'identifier des agresseurs en ligne, plutôt que par des plaintes envoyées aux autorités.

«Nous allions simplement sur des sites publics sur Internet pour voir qui était là et très rapidement nous étions consternés de constater à quel point les gens qui possèdent ces images les distribuent sans aucune gêne», a-t-il dit.

Le sergent Parisien a ajouté que les avancées technologiques permettant aux contrevenants de détecter la présence policière représentent un défi constant pour les autorités.

La prévention joue également un rôle clé pour prévenir toute situation abusive sur Internet, a rappelé le surintendant John Bilinski, l'officier responsable du Centre canadien de police pour les enfants disparus et exploités.

«On peut changer les choses en donnant aux enfants, aux parents, aux amis et aux enseignants les moyens de lutter contre les cyberprédateurs», a-t-il déclaré.

Le porte-parole de la Sûreté du Québec, Claude Denis, invite d'ailleurs les parents à consulter avec leurs enfants le site Web du Centre canadien de protection de l'enfance, qui propose du matériel éducatif pour prévenir l'exploitation sexuelle des enfants sur Internet.

L'opération Snapshot III a été précédée de deux autres phases, menées en 2012 et 2013. Les prédateurs sexuels résidant dans les Prairies canadiennes, la région atlantique et dans le nord du pays avaient alors été plus spécifiquement visés.

Les phases I et II de l'opération Snapshot avaient permis d'extirper cinq autres enfants des grippes d'exploiteurs. Cinquante-quatre suspects sévissant en ligne avaient été arrêtés et des millions d'images et de vidéos pédopornographiques avaient été saisies.