L'Unité permanente anticorruption (UPAC) a obtenu un mandat d'arrestation visant un expert international des partenariats public-privé (PPP) qui avait été recruté en Angleterre pour aider à préparer le projet du Centre universitaire de santé McGill (CUSM).

St. Clair Martin Armitage, qui avait été recruté à grands frais par l'ancien patron du CUSM Arthur Porter, est recherché en lien avec des accusations de complot pour fraude, fraude et abus de confiance dans le cadre du processus d'attribution du contrat de construction du CUSM à SNC-Lavalin.

Le suspect de 56 ans se trouvant à l'étranger, l'UPAC a fait appel à Interpol, le regroupement mondial des services de police alliés, qui a publié un avis de recherche à son sujet. Selon les dernières informations des enquêteurs, Armitage habiterait une maison de campagne à Ipswich, à 100 kilomètres de Londres. Aux dernières nouvelles, il participait toujours à des projets du secteur de la santé en Angleterre.

Le Canada va demander son extradition aux autorités du Royaume-Uni. Pour l'instant, comme il est l'objet d'une «notice rouge» d'Interpol, il ne peut quitter son pays.

Recruté en Angleterre

La théorie de la poursuite dans cette affaire est que des dirigeants de SNC-Lavalin ont arrangé le versement de 22,5 millions de dollars en pots-de-vin afin de faciliter l'obtention du gigantesque contrat public par leur firme.

Lorsque le projet de construction d'un superhôpital en PPP avait été lancé, la direction du CUSM cherchait un expert en ce type de projet, qui était alors un concept relativement nouveau au Québec.

St. Clair Armitage, un ancien commandant de la Royal Navy qui avait piloté plusieurs projets d'hôpitaux en PPP au Royaume-Uni, avait été recruté à cette fin. Il connaissait déjà Arthur Porter, qui a étudié et travaillé en Angleterre.

Armitage s'était installé avec son épouse dans une luxueuse maison de Dorval, au bord du fleuve Saint-Laurent. L'expert avait empoché 900 000$, d'octobre 2007 à avril 2010, pour préparer et encadrer le projet de PPP. Or, selon nos informations, les enquêteurs de l'UPAC ont découvert qu'il aurait participé activement à l'élaboration du stratagème de corruption impliquant SNC-Lavalin et la direction du CUSM de l'époque.

Le mandat d'arrestation déposé au palais de justice de Montréal indique qu'il est accusé d'avoir comploté avec Pierre Duhaime, ex-PDG de SNC-Lavalin, avec Riadh Ben Aïssa, ex-vice-président de la firme, ainsi qu'avec Arthur Porter et son bras droit de l'époque, Yanaï Elbaz.

Arthur Porter est présentement détenu au Panama où il conteste une demande d'extradition du Canada. Elbaz et lui sont accusés d'avoir empoché des pots-de-vin de SNC-Lavalin.

Armitage avait quitté ses fonctions dès l'annonce officielle de l'attribution du contrat à SNC-Lavalin, en avril 2010. Lors du dévoilement du projet retenu, Arthur Porter avait loué son apport. «M. St. Clair Armitage a donné le ton à cette relation de partenariat public-privé [...]. Au nom de notre groupe de professionnels et de la collectivité, je tiens à le remercier pour son engagement indéfectible envers des soins centrés sur les patients», avait-il dit.

«Aujourd'hui marque un jour mémorable pour les soins de santé au Québec et pour les patients qui ont été au coeur de notre planification. Nous venons de choisir un partenaire en vue de créer le meilleur hôpital au Canada et je suis honoré d'avoir participé à cette réussite», avait répondu Armitage, en parlant de SNC-Lavalin.

Photo fournie par Interpol

St-Clair Martin Armitage