Condamné à 14 ans de pénitencier à la suite de l'opération Colisée, Giuseppe Torre, fils d'un ancien associé du clan Cotroni et chef d'une cellule de la mafia qui a organisé des importations de cocaïne à l'aéroport PET, a échoué hier dans sa première tentative visant à obtenir une semi-liberté en maison de transition.

«Votre responsabilité est encore lacunaire et votre implication n'est pas sentie. C'est comme si votre engagement n'était pas volontaire, comme la varicelle», a déclaré la commissaire Hélène Lacroix après avoir écouté le détenu durant une heure. En revanche, elle et son collègue, Jean-Claude Boyer, ont permis à Torre de se présenter de nouveau devant la commission dans six mois, considérant les progrès réalisés.

Durant l'enquête Colisée, Torre, un ex-travailleur d'un sous-traitant de PET, dirigeait une cellule composée notamment d'employés de compagnies de l'aéroport qui a tenté d'importer de la cocaïne à trois reprises. L'une de ces importations devait atteindre 120 kg, mais ce sont plutôt 218 kg qui avaient été saisis par les policiers, ce qui avait provoqué des remous au sein de la mafia. Torre avait été convoqué dans un café par le parrain par intérim, Francesco Arcadi, et l'un de ses proches avait dû intervenir en sa faveur.

Criminalité ancrée

Aux commissaires, Torre a admis avoir commencé à emprunter le mauvais chemin en achetant et en vendant plusieurs bars et résidences, souvent en argent comptant, sans payer les taxes, à la fin des années 90. C'est en fréquentant les bars qu'il a ensuite connu des gens qui lui ont proposé d'importer de la cocaïne à l'aéroport, étant donné qu'il y avait déjà travaillé, a-t-il dit.

Alors que la preuve associe Torre à une cellule dirigée par Francesco Arcadi et l'ancien bras droit de ce dernier, Lorenzo Giordano, Torre affirme que ceux-ci ne lui ont rien demandé et qu'il a été approché par un homme qui n'était pas un Italien. «J'ai formé mon équipe. J'avais ma propre organisation», dit celui qui recevait 5000 $ par kilo de cocaïne importé, une somme qu'il devait partager avec son équipe.

«Je ne pensais qu'à l'argent. J'avais perdu la tête et j'étais parti sur un trip; les belles maisons, les belles voitures. Mais aujourd'hui, je n'ai plus une cenne», a déclaré Torre, qui a vendu sa luxueuse maison et vu le gouvernement lui confisquer 600 000$.

Giuseppe Torre, qui a suivi une formation de boucher, bénéficie déjà de sorties sans escorte et travaille dans un commerce du nord de Montréal. Une fois libéré, il veut poursuivre son travail, peut-être ouvrir un restaurant et rattraper le temps perdu avec ses enfants. «Mes enfants ont principalement connu leur père derrière les barreaux», a-t-il déploré.

Mais cette déclaration n'a pas ébranlé les commissaires, qui lui ont refusé sa liberté, jugeant le risque inacceptable pour la société.