Un mafioso montréalais, qui s'était fait enlever à Montréal en 2005 et avait laissé à la postérité une vidéo dans laquelle il prédisait des jours sombres aux Rizzuto, a été condamné à 10 ans de prison aux États-Unis au début du mois pour avoir importé d'importantes quantités de marijuana dans ce pays.

Nicola Varacalli, 66 ans, avait été arrêté en 2011 à la demande des autorités américaines, en compagnie d'une demi-douzaine d'autres Québécois. Il a plaidé coupable à une accusation de complot pour possession de marijuana dans l'intention de la distribuer en décembre dernier et a été condamné par un juge du District Nord de l'État de New York le trois avril. Une fois libéré, Varacalli devra respecter des conditions durant cinq ans, dont celle de ne pas revenir aux Etats-Unis sans la permission d'un représentant d'Homeland Security.

Rôle-clé

Selon des documents judiciaires américains, Varacalli a tenté de diminuer sa participation aux faits reprochés en se décrivant comme un intermédiaire mais les autorités affirment qu'il a plutôt joué un rôle clé dans une organisation internationale de trafic de drogue qui a importé des milliers de kilos de drogue aux Etats-Unis et généré des millions de dollars.

Selon la preuve, Varacalli établissait les contacts entre les fournisseurs canadiens et les acheteurs américains, contribuait à la planification des livraisons et veillait à ce que l'argent des clients soit bien acheminée à l'organisation.

Après que l'organisation se soit scindée en deux en 2009, Varacalli a personnellement communiqué avec un client pour lui faire comprendre qu'il devait payer sa dette et lui suggérer de trouver un autre client pour l'aider à rembourser son dû.

«Pour sa participation à l'organisation, le défendeur, qui séparait également les profits avec d'autres coaccusés, recevait au moins 10 000$ par semaine. Il était un rouage essentiel du réseau et jouait un rôle primordial dans son succès», peut-on lire dans les documents américains.

Bas les masques

Le 31 octobre 2005, alors qu'il distribuait des bonbons aux enfants à la porte de sa résidence dans le quartier Ahuntsic, Varacalli a été enlevé par environ cinq individus cagoulés. L'affaire avait fait grand bruit à l'époque, d'autant plus que ses ravisseurs l'avaient forcé à produire une vidéo dans laquelle il annonçait un bain de sang si les Siciliens, chefs de la mafia montréalaise, ne remboursaient une dette due au clan D'Amico de Granby. Le conflit avait failli dégénérer en guerre ouverte mais la dette, qui s'élevait à 9M$ selon nos sources, aurait été réglée pour 5,6M$.

Selon nos informations, après sa libération, Vito Rizzuto aurait complètement rétabli les ponts avec les D'Amico, dont l'un des membres dirige une compagnie de construction en République dominicaine. Après la mort du parrain, des mots d'ordre auraient été réitérés pour que soient enterrées les vieilles chicanes.

Nicola Varacalli