Un acteur important du crime organisé au Québec, impliqué dans un conflit avec le clan Rizzuto qui a failli dégénérer en guerre ouverte au milieu des années 2000, sera finalement jugé pour des actes présumés commis il y a huit ans.

Sergio Piccirilli avait été arrêté en juin 2006 par les enquêteurs de la GRC dans le cadre du démantèlement d'un réseau de trafiquants d'armes et de stupéfiants, qui agissaient notamment à partir du territoire amérindien de Kanesatake. 

Mais la Défense avait dénoncé des abus de procédures de la procureure de la Couronne et la collusion entre deux policiers témoins, si bien que le juge de première instance avait ordonné un arrêt des procédures contre Piccirilli et un autre coaccusé. La Couronne a ensuite gagné sa cause en Cour d'appel, mais la défense a obtenu le droit d'être entendue par la Cour suprême. 

Hier, les juges du plus haut tribunal au pays, sauf un magistrat dissident, ont statué que même si les actes dénoncés sont répréhensibles, ils ne justifient pas un arrêt des procédures, et ont ainsi rejeté les arguments de la défense et ordonné la tenue d'un nouveau procès. Sergio Piccirilli a donc de nouveau été arrêté hier matin et a comparu dans l'après-midi à Laval. Il demeure détenu jusqu'à son enquête sur remise en liberté.

Sans peur

Peu connu de la population, Sergio Piccirilli n'en est pas moins un acteur aussi énigmatique qu'important du crime organisé au Québec, lié à la fois aux motards et à la mafia italienne. 

Selon des documents obtenus par La Presse, Piccirilli, un ancien armurier des Forces canadiennes, aurait été chauffeur et tueur à gages pour les Siciliens, puis s'est brouillé avec eux après avoir refusé d'effectuer une commande qui lui avait été passée. 

En 2004-2005, il s'était retrouvé au coeur d'un conflit entre le clan D'Amico de Granby et les Rizzuto à propos d'une dette de 9 millions de dollars causée par une exportation de marijuana aux États-Unis qui avait mal tourné. Selon la preuve de l'enquête Colisée, Piccirilli, qui s'était rangé dans le camp des D'Amico, était entré dans le café Consenza, quartier général des Siciliens, en exhibant une arme. Plus tard, blotti derrière la vitrine d'un barbier, il aurait voulu tirer sur un lieutenant des Siciliens qui se faisait raser, attendant un feu vert qui n'est jamais venu. « Ce gars-là a des couilles », a dit au sujet de Piccirilli ce lieutenant qui, à cette époque, aurait constamment surveillé les toits, redoutant les talents de tireur de son ennemi. 

Contrairement à ce qui a déjà été écrit, cet homme, à qui Piccirilli en aurait voulu, n'était pas le vieux parrain Nicolo Rizzuto, mais un autre chef des Siciliens. Des démarches auraient été entreprises depuis pour que ce conflit se règle, nous a-t-on dit.

Sergio Piccirilli

54 ans

Alias 

Grizzly

Ami d'enfance du chef des Hells Angels, Salvatore Cazzetta.

Accusé de complot, possession d'armes et importation d'éphédrine dans le cadre du projet Cléopâtre mené en 2006.

Serait le chef des Devil's Ghosts, un club de motards sympathisants des Hells Angels.

Le FISC lui réclame plus de 200 000 $.

Photo fournie par la police

Salvataore Cazzeta (à gauche) et Sergio Piccirilli filmés par les policiers lors de l'enquête Cléopâtre.