La page Facebook de l'un des accusés de Trois-Rivières foisonne d'images macabres et de commentaires sinistres, mais ne constitue pas une preuve irréfutable qu'il s'agit d'un esprit criminel, selon un expert.

«Je suis mort à l'intérieur», lit-on dans une image que l'adolescent de 17 ans a destinée à celui que l'on croit être son complice, il y a deux jours. La Presse ne peut les identifier, car ils sont mineurs.

Quelques semaines auparavant, d'autres extraits partagés le 24 janvier dernier: «Je déteste quand les voix dans ma tête se taisent... Je ne peux plus savoir ce qu'elles comptent faire.» «Prends-moi la main, je te montrerai ce qu'est le monde de la mort.»

Début septembre: «On arrête de vérifier s'il y a un monstre sous notre lit lorsque l'on comprend qu'il se trouve en nous.»

À travers ces déclarations, des illustrations: une dizaine de squelettes pendus à un arbre, un homme éventré, le Christ servant de repas à un démon pendant la Cène.

Explorer toutes les limites

Même si ces messages peuvent paraître lourds de sens lorsque l'on connaît les faits reprochés aux deux adolescents, ils ne constituent pas pour autant un élément à charge, selon l'expert psycholégal Hubert Van Gijseghem.

«C'est un fait que c'est morbide, qu'il y a un flirt avec la mort et les tueries, a-t-il dit en entrevue téléphonique avec La Presse. Sauf que ça reste relativement adolescent. Ces thèmes-là [...] on trouve ça souvent chez les adolescents.»

Selon lui, jusqu'à 30 ou 40% des jeunes de ce groupe d'âge peuvent être portés à s'intéresser au monde du morbide et leurs pages Facebook peuvent refléter cette exploration.

L'adolescence est une période où chacun explore les limites, a expliqué M. Van Gijseghen, et les jeunes peuvent vouloir «tester la frontière entre la vie et la mort».

«Quand on regarde ça après coup et que l'on sait que c'est un meurtrier - ou en tout cas suspect de meurtre -, c'est une interprétation après coup que l'on fait en disant que c'est compatible. Mais ça ne permet pas de prédire les gestes que l'on connaît», a-t-il évalué. «Cela ne prédit pas un passage à l'acte.»

Déluge de reproches

Si les accusés étaient assez actifs sur Facebook avant leur arrestation, c'est maintenant au tour des amis et des proches des victimes de prendre d'assaut leurs profils virtuels.

Au moment de mettre sous presse, des centaines d'internautes hurlaient leur dégoût devant les gestes qui auraient été faits.

«Tes problèmes n'auraient pas dû coûter la vie à ces trois personnes. Le rejet amoureux est courant, si tous se donnaient le droit comme toi...», écrit l'un d'eux. «Le système devrait être plus dur», croit un autre. Et encore: «Tu es une honte pour la communauté [de la musique] métal.»

Les utilisateurs de Facebook passaient aussi à travers les publications du jeune homme pour souligner les plus morbides.

-Avec Marie-Josée Montminy, Le Nouvelliste