Un enquêteur à la retraite du SPVM, expert des motards criminels, a été arrêté par la Sûreté du Québec en fin de journée samedi pour avoir présumément vendu des informations aux Hells Angels en échange d'argent.

L'annonce de cette arrestation, qui sème la consternation dans le milieu policier, a été conformée lundi matin lors d'une conférence de presse au quartier général de la SQ, sur la rue Parthenais à Montréal.

Benoit Roberge est une sommité en matière de motards criminels au Québec. Il les a suivis durant plus de 15 ans et a fait partie de l'escouade Carcajou devenue ensuite l'Escouade régionale mixte (ERM) de Montréal. Il a été de toutes les méga opérations anti-motards des dernières années.

Lors de l'opération printemps 2001, menée en mars de la même année, Roberge a été le contrôleur de l'agent civil d'infiltration Dany Kane, grâce à qui cette opération a pu être menée à terme. Benoit Roberge a également pris part à l'opération Amigo, qui a sonné le glas des Rock Machine devenus Bandidos au début des années 2000, et été impliqué dans une large mesure dans la vaste rafle anti-motards SharQc qui a eu lieu en avril 2009. Il a également pris part aux procédures judiciaires qui ont suivi et a témoigné en tant qu'expert dans quelques enquêtes sur remise en liberté.

Benoit Roberge a pris sa retraite du SPVM en août denier, mais occupait encore une place de choix. Depuis le 11 mars dernier, il dirigeait le « Service du renseignement » de Revenu Québec. Sa conjointe est également procureure de la Couronne au Bureau de la lutte au crime organisé et est notamment impliquée dans les procédures judiciaires entourant le projet Loquace, une importante opération policière qui a visé en novembre 2012 un prolifique consortium d'importateurs et de distributeurs de cocaïne dont font partie des membres des Hells Angels et certains de leurs sympathisants.

Benoit Roberge a été arrêté samedi soir, au Complexe DIX/30 de Brossard, en compagnie d'un individu lié au crime organisé. Les enquêteurs de la SQ étaient sur ses traces depuis quelques mois, après s'être rendu compte que des fuites étaient apparues dans des enquêtes en cours ou d'autres effectuées ces dernières années. Benoit Roberge, qui a été interrogé une bonne partie de la journée dimanche, comparaîtra cet après-midi au palais de justice de Montréal.

L'enquête se poursuit et la SQ n'exclut pas que d'autres policiers puissent être arrêtés.

«Le crime organisé est rendu à un tel niveau que ses membres vont tout tenter pour infiltrer les corps de police. Toute forme d'infiltration sera réprimée», promet l'inspecteur Michel Forget de la Sûreté du Québec.

Benoit Roberge fait face a des chefs de gangsterisme, abus de confiance, entrave et tentative d'entrave a la justice. Les actes reproches ont été commis entre le 1er janvier 2010 et le 6 octobre 2013.

Dans un communiqué laconique émis aujourd'hui, Revenu Québec a annoncé que Benoit Roberge «a été relevé provisoirement de ses fonctions à la suite de son arrestation et de sa mise en accusation». L'agence gouvernementale ajoute qu'elle ne fera aucun commentaire pour ne pas «nuire» à l'enquête menée par les «corps policiers» et à laquelle et elle «collabore pleinement».