Partout où il est passé, Arthur Porter a fait parler de lui. Avec son éternel noeud papillon au cou, on le retrouvait toujours près du feu des projecteurs et des coulisses du pouvoir.

Pendant son séjour au Canada, il cumulait un nombre presque inimaginable de fonctions à la fois: gestionnaire d'un centre médical privé aux Bahamas, président du Comité de surveillance des activités de renseignement de sécurité (CSAR, l'organisme qui surveille les espions canadiens), dirigeant d'une entreprise minière en Sierra Leone, membre du conseil d'administration d'Air Canada, conseiller du président de la Sierra Leone, ambassadeur plénipotentiaire de ce pays au Canada et...franc-maçon.

Ses relations ont toujours été bonnes avec le monde politique. Il a été proche des républicains à l'époque de George W. Bush aux États-Unis, du Parti libéral (PLQ) au Québec, du Parti conservateur à Ottawa et du président Ernest Koroma dans son Sierra Leone natal.

Aux États-Unis, il a dirigé un énorme centre médical à Détroit. Il s'y était fait remarquer: selon un reportage de L'actualité médicale, Porter avait été choisi par le président Bush pour devenir Surgeon General, c'est-à-dire grand patron de la santé publique aux États-Unis, mais il avait refusé l'offre en raison de différends d'opinion avec le président.

Après son passage au Canada, il s'était aussi révélé proche du pouvoir politique des Bahamas. Un de ses associés dans sa clinique privée était le conseiller spirituel du premier ministre. Le gouvernement l'a d'ailleurs nommé à la tête d'un comité consultatif spécial sur les cellules souches.

C'est le premier ministre Stephen Harper qui l'avait nommé à ce poste, où il a siégé aux côtés de son ami et associé - pendant une brève période -, l'ex-ministre de la Santé libéral Philippe Couillard. M. Harper avait aussi nommé Arthur Porter membre à vie du Conseil privé de la reine pour le Canada. Porter fréquentait aussi le sénateur conservateur David Angus, qui présidait le conseil d'administration de son centre hospitalier.

Arthur Porter a commencé à se retirer de la sphère publique lorsque le National Post a révélé ses tractations ratées avec Ari Ben Menashe, lobbyiste installé à Montréal, qui a été agent israélien avant de représenter le gouvernement russe, et qui a été mêlé à des histoires de trafic d'armes. M. Porter a confirmé au Post qu'il avait donné 200 000$ à Ben Menashe dans l'espoir d'obtenir des investissements russes dans son entreprise en Afrique.