Après 57 ans passés au Canada, le patriarche d'une cellule mafieuse des Cantons-de-l'Est qui s'était déjà opposé à l'organisation de Vito Rizzuto sera finalement expulsé vers son Italie natale.

Luigi D'Amico, 74 ans, s'était adressé à la Cour fédérale du Canada pour éviter son expulsion, mais ses démarches viennent d'échouer. Il devra donc retourner vivre en Italie, un pays qu'il a quitté en 1956, à l'âge de 18 ans, pour venir s'établir au Québec.

Résident permanent qui n'a jamais obtenu la citoyenneté canadienne, le Granbyen a tenté sans succès de faire valoir des motifs humanitaires pour demeurer ici, auprès de ses 4 enfants et 11 petits-enfants. Mais son passé criminel a pesé plus lourd dans la balance.

L'ancien restaurateur et producteur de fromage, aujourd'hui retraité, a eu plusieurs démêlés avec la police depuis 1992: il a été condamné pour tentative d'entrave à la justice, conduite avec les facultés affaiblies et trafic de cocaïne. En 2007, il a été accusé dans une importante affaire de production de cannabis, mais il a été acquitté parce qu'il manquait un témoin important.

Lors de l'enquête antimafia Colisée, la police a par ailleurs découvert que Luigi D'Amico ainsi que ses fils Patrizio et Tiziano entretenaient des liens avec la mafia. Ils avaient alors eu des rencontres avec des dirigeants de l'organisation de Vito Rizzuto pour régler un conflit qui avait failli dégénérer en guerre ouverte.

Un homme était entré au café Consenza avec une arme pour menacer des proches des Rizzuto, et un trafiquant avait même été kidnappé. La Gendarmerie royale du Canada avait enregistré des conversations de membres des deux factions rivales qui évoquaient la possibilité que le tout vire en bain de sang.

La poussière a ensuite retombé. Devant la Cour fédérale, Luigi D'Amico a expliqué qu'il aurait souhaité couler des jours paisibles à élever des chèvres en Estrie si on lui avait permis de demeurer au Canada.

L'avocat de D'Amico, Me Stéphane Handfield, cachait mal sa déception hier. «Je respecte la décision de la cour, mais je demeure convaincu que mon client n'a pas eu l'occasion de faire valoir tous ses moyens de défense. On se retrouve avec un homme de 74 ans qui est au Canada depuis 57 ans et pour qui les conséquences sont très graves», a-t-il déclaré à La Presse.