Des bénéficiaires qui font l'objet d'avances sexuelles par les intervenants. Un cuisinier revendeur de drogue. De la nourriture immangeable. Le chauffage qui fait défaut. La Presse a obtenu le libellé de 43 plaintes qui ont visé, au cours des 5 dernières années, 9 centres de thérapie pour alcooliques et toxicomanes de la région des Laurentides. Certains n'étaient pas reconnus par le ministère de la Santé et des Services sociaux, mais bon nombre d'entre eux étaient dûment certifiés. Pour respecter la loi par rapport à la confidentialité des dossiers médicaux, les noms des centres ont été expurgés par le commissaire aux plaintes.

AOÛT 2010 À NOVEMBRE 2012

Deux bénéficiaires se plaignent d'avoir été l'objet d'avances sexuelles, le même jour, de la part d'un intervenant du centre. Après avoir examiné les deux plaintes, le commissaire local y va de quatre recommandations, dont l'une stipule que l'intervenant concerné «ne doit plus avoir de lien thérapeutique avec les deux plaignantes». Le même centre fait l'objet de cinq autres plaintes, dont celle d'avoir fait payer 100$ par mois aux usagers pour leur permettre de recevoir leur courrier, leurs médicaments ou d'utiliser la salle de lavage.

FÉVRIER À NOVEMBRE 2012

Une seule ressource fait l'objet de 10 plaintes pendant cette période. Un bénéficiaire s'est plaint parce que le cuisinier revendait de la drogue aux usagers du centre. Les effets personnels d'un autre bénéficiaire ont été jetés à la poubelle pendant les quelques semaines qu'il a passées en détention. Un autre estime que le directeur clinique a divulgué de l'information personnelle à son sujet. D'autres calculent que le centre les a surfacturés. Le centre hébergeait des bénéficiaires atteints du VIH et a imposé à un résidant, comme corvée journalière «de ramasser une seringue souillée». Certaines de ces plaintes ont mené au report de la certification du centre.

NOVEMBRE 2008 À NOVEMBRE 2012

Dans cette autre ressource non certifiée qui fait l'objet de six plaintes, tout semblait poser problème. La nourriture: «aucun fruit ou viande n'est servi, aucun produit laitier. Nourriture servie: riz, pâtes et gruau le matin». Pas de personnel qualifié, fait valoir un plaignant, qui ajoute que les thérapies sont parfois assurées par des résidants. Seulement deux salles de bains pour 35 personnes. Manque d'électricité. «Les résidants doivent aller chercher de l'eau à la rivière.» Constat du commissaire local: «l'organisme a des services élémentaires, mais il n'y a pas de risques pour la santé et la sécurité des résidants».

JUIN 2008 À JUILLET 2013

L'une des premières plaintes pour cette ressource, déposée en octobre 2008, a mené à la suspension de la certification du centre de thérapie. Le bénéficiaire s'est plaint «d'abus d'autorité à caractère sexuel» envers les usagers. La plainte avait été transmise à la Sûreté du Québec. D'autres plaintes ont suivi, dont la plus récente date de juillet dernier. Manque de chauffage, mauvaise qualité de l'alimentation, des interventions cliniques et de l'administration générale de l'endroit. Plusieurs plaignants soulignent le comportement du cuisinier, «lequel est manipulateur, et surtout dangereux. Il peut lancer un plat de couteaux s'il voit que ceux-ci sont malpropres». À la suite de l'enquête du commissaire aux plaintes, le cuisinier a perdu son emploi.

MAI 2010 À AOÛT 2012

Le bénéficiaire se plaint d'avoir été hébergé dans un centre infesté par les punaises de lit. La ressource a effectivement dû être désinfectée par la Direction de la santé publique. Selon un autre plaignant, de la drogue aurait été apportée à l'intérieur du centre par deux bénéficiaires. Or, c'est l'ensemble des 20 bénéficiaires qui aurait écopé d'une punition pour cette infraction au règlement, soit l'interdiction de sortie en fin de semaine.