L'application de certains mandats d'arrêt de l'escouade Marteau ne sera pas une partie de plaisir: il pourrait s'écouler beaucoup de temps avant de voir Arthur Porter et Jeremy Morris, celui qu'on désigne comme son acolyte, réfugiés sous le soleil des Bahamas, entrer menottes aux poignets au quartier général de la Sûreté du Québec (SQ), rue Parthenais. Des policiers s'attendent à un long chemin de croix semé d'embûches et de paperasse.

Il y a un an, la justice locale a d'ailleurs refusé l'extradition vers les États-Unis du financier Viktor Kozeny, alias «le pirate de Prague», pourtant accusé dans un gigantesque dossier de fraude et de corruption aux multiples ramifications.

Sur papier, les Bahamas «sont désignés partenaires d'extradition du Canada dans la Loi canadienne sur l'extradition à titre de pays du Commonwealth», a écrit Justice Canada dans un courriel adressé à La Presse. C'est le Groupe d'entraide internationale qui sera chargé de présenter à ce paradis fiscal des Caraïbes la demande d'extradition et, éventuellement, d'arrêt. Toutefois, la loi précise que «l'État étranger applique sa propre procédure en réponse à la demande». C'est là que les choses pourraient se corser.

En mars 1990, les deux pays ont aussi signé un «traité d'entraide juridique en matière pénale», «pour tout ce qui concerne la recherche, la poursuite et la répression des infractions». Mais celui-ci ne prévoit rien en matière d'extradition.

Il y a bien la Convention des Nations unies contre la corruption, mais les procédures d'extradition sont complexes et ne s'appliquent notamment que si l'infraction «est punissable par le droit interne» des deux États concernés.

En revanche, les policiers fondent plus d'espoirs sur la Convention interaméricaine contre la corruption, signée à Caracas en 1996 entre les pays membres de l'Organisation des États américains - dont le Canada et les Bahamas. «Les Parties ont pour responsabilité d'éradiquer l'impunité et de collaborer pour que leurs interventions dans ce domaine soient efficaces», lit-on en préambule de cette convention, qui inclut l'extradition.