La matinée a été longue hier pour Torsten Trute. Le visage du ressortissant allemand de 49 ans s'est allongé au fur et à mesure que la juge Dominique Larochelle de la Cour du Québec a égrené son jugement étoffé et prononcé le mot «coupable» à l'issue d'un monologue de 1h15, au palais de justice de Laval. Trute était sous le coup de pas moins de 29 chefs d'accusation: complot pour importation de substances, trafic de substances, possession d'armes et gangstérisme. Il a été reconnu coupable pour chacun d'entre eux. Torsten Trute est derrière les barreaux depuis quatre ans. Il risque maintenant une longue peine de prison dont la durée sera fixée dans les prochaines semaines.

Torsten Trute a été arrêté dans le cadre d'une opération parallèle à Colisée, baptisée Cléopâtre et menée à l'été 2006. Elle visait un réseau de trafiquants de drogue et d'armes agissant notamment à partir du territoire amérindien de Kanesatake. Lors de cette opération, les enquêteurs de l'Unité mixte d'enquête contre le crime organisé autochtone de la GRC ont notamment arrêté une trafiquante d'armes mohawk, Sharon Simon, surnommée la reine de Kanesatake, et son ex-amant, Sergio Piccirilli, un énigmatique individu ayant des liens avec les motards et la mafia. Il s'est retrouvé au coeur d'un conflit qui avait failli dégénérer en guerre ouverte entre les Rizzuto et le clan d'Amico de Granby au milieu des années 2000. Selon l'enquête, Trute était un prête-nom et le bras droit de Piccirilli.

Durant son procès, Trute a livré un long témoignage au cours duquel il a admis avoir comploté pour importer de la pseudoéphédrine et avoir fait du trafic de cigarettes. Mais il a nié avoir appartenu à une organisation criminelle et avoir fait du trafic de stupéfiants et d'armes. La juge Larochelle n'a pas cru une grande partie de son témoignage et l'a dit dans sa décision de 60 pages.

Trute a quitté le pays après l'opération Cléopâtre et ce n'est qu'en 2008 qu'il a été arrêté en Italie puis extradé. Pendant ce temps, deux de ses coaccusés, dont Sergio Piccirilli, ont bénéficié d'un arrêt du processus judiciaire. Mais la Couronne a gagné sa cause en appel. Piccirilli s'est adressé à la Cour suprême qui a accepté de l'entendre. Son procès ne commencera donc pas en avril comme prévu.

Pour joindre Daniel Renaud en toute confidentialité: 514-285-7000, poste 4918